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dimanche 2 décembre 2018

Le problème du caractère infaillible de la canonisation dans l’Église catholique, selon Bernhard Bartmann, 1935


Saint Pierre, Basilique Saint-Pierre de Rome, 2 juillet 2013
Les vérités surnaturelles de salut sont (...) l'objet de l'infaillibilité. D'une manière plus spéciale, on peut distinguer un double objet de l'infaillibilité : l'objet direct proprement dit (objectum primarium seu directum) et l'objet indirect (obj[ectum] secundarium seu indirectum) ou bien les dogmes proprement dits (1) et les vérités catholiques (2). Par rapport aux dogmes cette thèse est de foi, par rapport aux vérités catholiques elle n'est que certaine. Les dogmes doivent être crus d'une foi divine (f[ide] divina), les vérités catholiques d'une foi ecclésiastique (f[ide] ecclesiastica).

« Fides ecclesiastica » le terme apparaît à Paris en 1650 est l' « assensus » [assentiment] par lequel nous adhérons au jugement de l'Église infaillible sur les choses « connexa cum revelatis » [reliées aux choses révélées]. La « raison formelle » de cet « assentiment » est donc l'infaillibilité de l'Église.

La « foi divine et ecclésiastique » se distingue donc de la « foi ecclésiastique » en ce que la première a pour objet les choses « a Deo revelatae » [révélées par Dieu] et la seconde ce qui est « cum revelatis connexum » [relié aux choses révélées] ; ces deux espèces de foi se distinguent, en outre, en ce que la première s 'appuie sur lauctoritas Dei revelantis » [autorité de Dieu révélant] et la seconde sur l' « auctoritas Ecclesiae » [autorité de l’Église]. Elles se distinguent donc matériellement et formellement. (...)

Pour ce qui est du domaine indirect, les théologiens affirment, avec un assez grand accord, que l'infaillibilité de l'Église porte sur la canonisation des saints, l’approbation des Ordres religieux et les prescriptions générales de discipline ecclésiastique.

Il est facile de dirimer la controverse sur les deux derniers points.

L'Église enseignant d'une manière sûre la morale chrétienne, elle reconnaît aussi facilement si des règles d'Ordre religieux qui lui sont soumises sont conformes ou non à cette morale. Elle n'est pas infaillible concernant l'opportunité extérieure de ces règles, c'est pourquoi elle pourrait prononcer plus tard un autre jugement.

L'Église ne peut se tromper non plus dans ses décisions sur le culte, les dévotions, les livres liturgiques, les obligations spéciales de certains états (célibat, bréviaire), pas plus que dans ses prescriptions disciplinaires générales (précepte du jeûne. repos dominical, institution et suppression des jours de fêtes). Il est impossible que, dans ce domaine, l'Église fasse une ordonnance ou donne une approbation qui contredise la loi morale. Par contre, son jugement sur l'opportunité n'est pas infaillible.

L'Église ne peut pas non plus se tromper dans les formules dogmatiques de ses décisions solennelles sur la foi. Le contenu objectif de ces formules (sensus) est une vérité immuable.

Par contre, il peut arriver que l'Église crée, à un autre moment, des formules encore meilleures, plus compréhensives, plus efficaces pour lès vérités définies. La décision à ce sujet appartient, bien entendu, au magistère ecclésiastique. On trouve de nombreux exemples de ces modifications de formules dogmatiques dans les symboles et les définitions des conciles. Que l’on considère les formules du Concile de Chalcédoine à côté de celles du Concile d'Éphèse, le symbole des Apôtres à côté de celui de S. Athanase.

[La question de l’infaillibilité dans la canonisation]
Bernhard Bartmann (1860-1938)

La question de l'infaillibilité dans la canonisation est historique et théologique. Les premiers saints furent, en dehors des Apôtres et des Prophètes, les martyrs dont les noms étaient inscrits par l’évêque sur la liste des martyrs reconnus par l'Église. Dans le jugement qui déterminait cette inscription, on considérait la vie antérieure et on n'inscrivait pas n'importe qui.

Au sujet des trois premiers siècles, le protestant H. Achelis dit que les évêques exerçaient un contrôle sévère et n'admettaient pas de faux martyrs (3). Plus tard s'ajoutèrent aux saints martyrs les saints « confesseurs » : d'abord S. Antoine, S. Paul, S. Athanase, S. Ephrem, S. Martin de Tours. Il était plus facile de constater le martyre que la sainteté des confesseurs. Pour ces derniers, le peuple prenait part au jugement et l'évêque prononçait en dernier ressort sur l’admission dans les diptyques. Au sujet de la « visio beata [vision béatifique] » des non martyrs, Benoît XII prononça le premier un jugement définitif en 1336 (4) (...). Le culte des saints passait d'un diocèse à l'autre et se généralisait ainsi dans toute l'Église.

À partir de l'an 1000, l'Église s'efforça de régler peu à peu, au moyen de formules fixes, le culte des saints, mais elle n'y réussit définitivement que vers l'an 1600. Enfin, à l'époque du Concile de Trente, Thomas Badis, maître du Sacré Palais, soutint contre Ambroise Catharin (5) que l'Église pouvait se tromper dans l'honneur rendu aux saints. D'après lui, le devoir de la foi était de croire à la gloire des saints en général, mais non dans chaque cas particulier : il fallait distinguer entre « credere ex pietate [croire par piété] » et « credere ex necessitate fidei [croire par nécessité de foi] ».

L'Église dans la canonisation ne peut pas s'appuyer sur la Révélation, mais seulement sur les témoignages humains concernant la vie et les miracles, témoignages examinés avec soin (processus informativus super fama sanctitatis, virtutum et miraculorum [procès informatif sur la réputation de sainteté, les vertus et miracles]). Ce jugement de l'Église est considéré aujourd'hui par la quasi-unanimité des théologiens comme infaillible, mais la thèse même de l'infaillibilité de l'Église dans ce cas comporte des degrés.

Pesch (6) dit que, d'après certains, c'est une « sententia pia » [proposition pieuse = fondée sur de bonnes raisons de piété] (2) et que pour d'autres, comme Benoît XIV, elle est « de fide » [de foi] (1). Lui-même se prononce pour la note « theologice certa » [théologiquement certaine] (2). On peut voir dans cette opinion la voie moyenne et l'adopter.

Les difficultés qui se présentent ici sont les suivantes :
D'abord il n'est pas absolument clair que l'Église veuille définir le fait que le saint en question est parvenu à la vision béatifique.
Ensuite le jugement de l’Église pourrait ne s'appliquer qu'au petit nombre des saints canonisés par le magistère ecclésiastique et non au grand nombre de ceux qui, avant l'introduction de la pratique de la canonisation solennelle, ont été déclarés saints par les évêques particuliers, par les Ordres religieux et peu à peu ont été reconnus généralement, sans qu'on ait examiné de près les raisons en faveur de leur sainteté.
Enfin — et c'est là la difficulté principale — il est impossible, sans révélation divine, d'acquérir une certitude de foi sur l'état de grâce d'un homme (7).
Il faut ajouter que l'Église, depuis la mort des Apôtres, ne reçoit plus aucune révélation destinée à l'Église entière. Dans la révélation close avec les Apôtres se trouve bien la promesse générale de la vie éternelle aux élus, mais cette vie éternelle n'est pas attribuée d'une façon définitive à chaque personne concrète honorée comme sainte par l'Église. La prédestination est un mystère impénétrable.

Dans les recherches sur la vie des saints, l'Église ne s'appuie par sur un témoignage divin, mais sur des renseignements humains et les données naturelles qui peuvent toujours être subjectifs. Les saints ont pu recevoir de Dieu de nombreux témoignages par le moyen des miracles, mais ces miracles, pas plus que la canonisation elle-même, ne sont en relation interne directe avec les vérités révélées. Ajoutons que ces miracles eux-mêmes, en tant que faits surnaturels, ne peuvent être reconnus que par ceux qui y croient, mais cette foi n'est pas obligatoire. L'ancienne controverse où l'on se demandait si l'on pouvait prouver un dogme par un miracle devenu notoire dans l'Église a été tranchée théologiquement d'une manière négative. Il est difficile de réfuter ces arguments quand on les examine
sérieusement. Quand Eusèbe Amort (8) écrit « dubietas revelationis tollatur per indubitata miracula [le caractère douteux de la révélation est levé par les miracles indubitables] », il ne maintient pas dans sa proposition la notion stricte de Révélation.

Eusèbe Amort (1692-1775)
On ne devra donc pas parler de la plus haute certitude dogmatique. C'est ainsi que juge [N.] Scheid dans un article de la revue d'Innsbruck (1890) (9) : « L'infaillibilité du Pape dans la canonisation des saints » :
La difficulté de la question consiste à trouver une preuve vraiment satisfaisante de l'infaillibilité dans la canonisation dont on affirme l'existence. La canonisation se trouve justement à l'extrême limite du domaine des décisions infaillibles. II n'est donc pas facile d'établir, d'une manière claire et probante, que la canonisation, dans toute son étendue, rentre encore dans les attributions de l'infaillibilité de l'Église (p. 509).

Le plus souvent, à la suite de Melchior Cano (10), on renonce aux arguments particuliers et péremptoires et on s'appuie sur le « faisceau d'arguments », le nombre devant suppléer, de quelque façon, à la faiblesse de chaque argument. Scheid lui-même s'efforce en plus de montrer que l'Église veut obliger tous les fidèles à croire à la canonisation.

Assurément une déclaration de l’Église disant que telle est sa volonté serait beaucoup plus sûre. Néanmoins, le jugement de l’Église sur la sainteté d'un mort mérite, sans aucun doute, une grande considération, tant en raison de son autorité infaillible que de la manière sévère et minutieuse dont elle examine les titres à la canonisation. Mais en tout cas, les actes de canonisation ne peuvent être acceptés qu'avec une foi générale ecclésiastique et non avec une foi divine. Le fidèle ne fait sans doute pas un acte de foi spécial à la canonisation, mais il y croit par un acte de foi général, l’acte par lequel il accepte dans son ensemble le culte de l'Église. Si dans le rang des saints, il se présente parfois un « faux » saint comme Barlaam et Josaphat, le culte relatif qui lui est rendu tend finalement à Dieu. Un roi est honoré dans un faux ambassadeur, Dieu aussi dans un faux saint. (Cf. Codex Juris Canonici, 1999-2141)

Notes

(1) Bernhard Bartmann, Précis de théologie dogmatique, traduit de l'allemand par l’abbé Marcel Gauthier, tome I, 4e édition, Éditions Salvator, Mulhouse, 1941, p. 22 :
Un dogme (dogma catholicum) est toute vérité religieuse révélée surnaturellement par Dieu et proposée comme telle à notre croyance par l'Église. Tout dogme catholique a donc un double caractère distinctif : un caractère interne et objectif, le fait d'être contenu dans la Révélation, et un caractère externe et juridique, la proclamation par l'Église. Le Concile du Vatican [déclare] :
Fide divina et catholica ea omnia credenda sunt, quae in Verbo Dei scripto vel Tradito continentur et ab Ecclesia sive solemni judicio, sive ordinario et universali magisterio, tanquam divinitus revelata credenda proponuntur.
[On doit croire de foi divine et catholique tout ce qui est contenu dans la Parole de Dieu, écrite ou transmise par la Tradition, et que l'Église propose à croire comme divinement révélé, soit par un jugement solennel, soit par son magistère ordinaire et universel]
(S[ession] 3, c[hapitre] 3 ; Denzinger, Enchiridion Symbolorum, édition n°37, 1996, n° 3011)

Bernhard Bartmann, Ibid., p. 60 :
Le plus haut degré de certitude est produit par les vérités révélées. Le fidèle, en les acceptant, s'appuie immédiatement sur l'autorité de Dieu. Le fait qu'elles sont contenues dans la Révélation lui est garanti par l’Église, laquelle propose ces vérités à tous les fidèles, de telle sorte que tous ont une seule foi commune. Cette foi est la foi divine et catholique (fides divina et catholica). Les dogmes eux-mêmes sont « de fide » [de foi] ou « de fide catholica » [de foi catholique]. Quand ils sont promulgués solennellement, ils sont « de fide definita », « propositiones de fide », « veritates definitae » [de foi définie, propositions de foi, vérités définies].

Georges Panneton (chanoine), Charlemagne Bourgeois (abbé), Sommaire de théologie dogmatique, Les éditions du Bien Public, Trois-Rivières (Canada), 1969, p. 19 :
-1- [Vérité] De foi catholique (De fide) : Lorsqu’elle a été révélée par Dieu, qu’elle est contenu dans l’Écriture-Sainte ou la Tradition et qu’elle a été solennellement définie comme telle par le Souverain Pontife ou par un Concile Œcuménique définissant ex cathedra, c’est-à-dire avec l’intention de définir, en supposant que toutes les conditions requises sont réunies. — Ou encore si une vérité est présentée comme telle par le Magistère ordinaire et universel de l’Église. (Vatican I)
-2- [Vérité] De foi divine (De Fide divina) : Lorsqu’elle est certainement contenue dans l’Écriture-Sainte, mais n’a pas été définie solennellement par l’Église. (…) Sont dans le même cas les vérités révélées privément à une personne, mais pour celle-ci seulement.

(2) Bernhard Bartmann, op. cit., p. 23-25 :
Étant donné que le dogme, au sens strict, exige la Révélation surnaturelle, il s'ensuit que les vérités, que l'Église, dans ses déclarations, ne puise pas à cette source, ne sont pas des dogmes proprement dits (…) même quand elles sont définies, parce qu'il leur manque le caractère complet de la Révélation. (…) La rélation privée ne peut pas non plus être une source du dogme. Une approbation qu'a pu donner l'Église n'a qu'un caractère disciplinaire et non dogmatique. Elle ne contient que l’autorisation d'éditer et de lire. (…)
Essentiellement différentes des dogmes, dans le sens strict que nous venons d'expliquer, sont les vérités catholiques (veritates catholicae) (…) qui ne possèdent pas la première caractéristique du dogme. Elles ne sont pas contenues dans la Révélation et ne sont pas non plus proposées comme telles. On les appelle simplement « enseignement ecclésiastique » (doctrinae ecclesiasticae) à la différence de « l'enseignement divin » de la Révélation. Ces vérités comprennent trois groupes : 1° Les conclusions théologiques (conclusio theologica) ; 2° les vérités philosophiques qui sont en relation étroite avec les vérités révélées ; 3° les faits dogmatiques (facta dogmatica). Ces vérités catholiques, elles aussi, sont garanties par l'infaillibilité.

Bernhard Bartmann, Ibid., p. 60-61 :
Les vérités catholiques sont acceptées sur l'autorité de l'Église seule, laquelle en les proclamant s'appuie sur des motifs surnaturels et naturels. Elles sont crues de la foi ecclésiastique. Il est vrai que là aussi la sûreté exclut également le doute, est infaillible. (…)
Néanmoins, dans les deux cas [celui des vérités révélées et celui des vérités catholiques], le motif de certitude est différent. Les vérités catholiques ne sont garanties par l'infaillibilité qu'en vertu d'un motif externe, indirectement et d'une manière participative ; elles ne le sont pas intérieurement et « principaliter » [principalement] comme les vérités révélées.
C'est pourquoi il est impossible d'admettre avec [Francisco] Suarez [1548-1617 ; jésuite de l’École de Salamanque] et [Juan de] Lugo [y de Quiroga] [1583-1660 ; jésuite, cardinal] que les conclusions théologiques, par suite d'une proclamation formelle de la part du magistère ecclésiastique, recevraient le caractère de dogmes révélés.
Le caractère objectif de vérité ne peut être que déclaré par l'Église : il ne peut pas être créé. Le magistère de l'Église est subordonné à la vérité, la vérité ne lui est pas subordonnée. Ainsi pensent les thomistes.
On parle ensuite de propositions théologiques qui sont proches de la foi (sententia fidei proxima), quand il n'est pas encore établi complètement qu'elles sont contenues dans la Révélation surnaturelle ou proclamées par l'Église d'une manière vraiment universelle. Des conclusions théologiques qui, comme on vient de l'expliquer, sont intérieurement connexes à la foi, on dit qu'elles sont garanties dans et avec la foi (sententia ad fidem spectans, s[ententia] fide certa, theologice certa) [proposition visant la foi, proposition de foi certaine, théologiquement certaine].
D'une nature assez subjective sont les jugements théologiques privés sur des vérités, quand ils sont présentés comme « probables », comme des « opinions théologiques » (sententia probabilis, opinio theologica) [proposition probable, opinion théologique], comme des vues bien fondées (s[ententia] bene fundata), comme des opinions pieuses ou des croyances pieuses (s[ententia] pia). On parle aussi des opinions « libres » (s[ententiae] liberae disputationis) [propositions en libre discussion], les propositions tolérées » (s[ententia] tolerata), ainsi appelées parce que, tout en ne s'appuyant que sur des arguments faibles, elles ne sont pas réprouvées par l'Église.

Georges Panneton (chanoine), Charlemagne Bourgeois (abbé), op. cit., p. 19-20 :
-3- Doctrine catholique, certaine (Certum est) : Lorsqu’il s’agit d’une vérité déduite logiquement de deux prémisses dont l’une est révélée formellement par Dieu, et l’autre connue par la seule raison et non révélée par ailleurs, ni contenue implicitement dans la prémisse révélée. La vérité ainsi déduite s’appelle conclusion théologique. Beaucoup de vérités formellement mais implicitement révélées sont considérées comme certaines, tant qu’elles n’ont pas été définies solennellement. 
-4- Commune (Sententia communis) : C’est une vérité enseignée par presque tous les théologiens et combattue par quelques-uns seulement d’une autorité médiocre, mais non désavouée par l’Église par ailleurs.
-5- Probable, plus probable (Probabilis) : C’est une proposition soutenue par des théologiens éminents approuvés par l’Autorité ecclésiastique — et qui, en même temps, est combattue par d’autres théologiens également éminents. Le degré de probabilité peut être basé soit sur le nombre et l’autorité des théologiens qui soutiennent cette proposition (probabilité extrinsèque) ; soit sur la valeur des arguments apportés (probabilité intrinsèque).

(3) Hans Achelis (1865-1937), Das Christentum in den ersten drei Jahrhunderten [Le christianisme dans les trois premiers siècles], tome II, Leipzig, Quelle und Meyer, 1912, p. 356.

(4) Benoît XII, Constitution Benedictus Deus, 29 janvier 1336 :
Par cette constitution qui restera à jamais en vigueur, et en vertu de l'autorité apostolique nous définissons que selon la disposition générale de Dieu, les âmes de tous les saints qui ont quitté ce monde avant la Passion de notre Seigneur Jésus Christ, ainsi que celles des saints apôtres, martyrs, confesseurs, vierges et autres fidèles morts après avoir reçu le saint baptême du Christ, en qui il n'y avait rien à purifier lorsqu'ils sont morts, et en qui il n'y aura rien à purifier lorsqu'ils mourront à l'avenir, ou s'il y a eu ou s'il y aura quelque chose à purifier, lorsque, après leur mort, elles auront été purifiées, et que les âmes des enfants régénérés par ce même baptême du Christ ou encore à baptiser, une fois qu'ils l'auront été, s'ils viennent à mourir avant d'user de leur libre arbitre, aussitôt après leur mort et la purification dont nous avons parlé pour celles qui en auraient besoin, avant même de reprendre leurs corps et avant même le jugement et cela depuis l'Ascension de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ au ciel, ont été, sont et seront au ciel, au Royaume des cieux et au paradis céleste avec le Christ, réunis dans la compagnie des saints anges, et que depuis la Passion et la mort du Seigneur Jésus Christ, elles ont vu et voient l'essence divine d'une vision intuitive et même face à face — dans la médiation d'aucune créature qui serait un objet de vision ; au contraire l'essence divine se manifeste à eux immédiatement à nu, clairement et à découvert —, et que par cette vision elles jouissent de cette même essence divine ; et qu'en outre, en raison de cette vision et de cette jouissance, les âmes de ceux qui sont déjà morts sont vraiment bienheureuses et possèdent la vie et le repos éternel, et que de même les âmes de ceux qui mourront dans la suite verront cette même essence divine et en jouiront avant le jugement général ; et que cette vision de l'essence divine et sa jouissance font disparaître en elles les actes de foi et d'espérance, dans la mesure où la foi et l'espérance sont des vertus proprement théologiques ; et que, après qu'une telle vision intuitive face à face et une telle jouissance ont ou auront commencé, cette même vision et cette même jouissance existent de façon continue, sans interruption ni amoindrissement de cette vision et de cette intuition, et demeurent sans fin jusqu'au jugement dernier, et après lui pour toujours. (…) (Denzinger, Enchiridion Symbolorum, édition n°37, 1996, n° 1000-1001)

(5) Ambroise Catharin (1484-1553), religieux dominicain, envoyé à Trente à l’ouverture du Concile en 1545. Cf. Louis Ellies du Pin, Histoire de l'Église et des auteurs ecclésiastiques du XVIe siècle, tome 2, André Pralard, Rouen, 1703, p. 8-59.

(6) Christian Pesch (1853-1925), professeur de théologie dogmatique à Ditton-Hall (Angleterre) de 1884 à 1895, puis à Valkenburg (Pays-Bas) jusqu'en 1912. Cf. « Pesch (Christian), jésuite, 1853-1925) », http://beauchesne.immanens.com/appli/article.php?id=7823, mardi 27 novembre 2018.

(7) Concile de Trente, 6e session canon 12 : « Si quelqu'un dit que la foi qui justifie n'est rien d'autre que la confiance en la miséricorde divine, qui remet les péchés à cause du Christ, ou que c'est par cette seule confiance que nous sommes justifiés : qu'il soit anathème. ». Cf. Denzinger, Enchiridion Symbolorum, édition n°37, 1996, n° 1562.

(8) Eusèbe Amort (1692-1775), chanoine régulier de l’ordre de S. Augustin. Cf. F.-X. de Feller, Biographie universelle, nouvelle édition par M. Pérennès, tome I, Gauthier Frères et Cie, Paris et Besançon, 1833, p. 229.

(9) Nikolaus Scheid, "Die Unfehlbarkeit Des Papstes Bei Der Heiligsprechung. Versuch Eines Beweises.)” in Zeitschrift Für Katholische Theologie, vol. 14, n° 4, 1890, p. 599–616. JSTOR, www.jstor.org/stable/24186626.

(10) Melchior Cano (1509-1560), religieux dominicain, théologien, philosophe et évêque espagnol du XVIe siècle, qui se rattache au courant de pensée de l'École de Salamanque. Cf. « Melchior Cano », https://fr.wikipedia.org/wiki/Melchor_Cano, vendredi 23 novembre 2018.

Les notes ont été établies par l’auteur de ce blogue.

Référence

Bernhard Bartmann, Précis de théologie dogmatique, traduit de l'allemand par l’abbé Marcel Gauthier, tome I, 4e édition, Éditions Salvator, Mulhouse, 1941, p. 57-59.

dimanche 25 novembre 2018

Le Cœur Immaculé de la Vierge Marie, selon l'abbé Boiteux, 1876


Pour mieux faire connaître quelle est la nature de cette dévotion, rappelons que le mot cœur peut être pris en diverses acceptions.

Il désigne d'abord le cœur naturel et physique, qui est le principal membre du corps très saint de Marie, placé au milieu de sa chaste poitrine, et percé d’un glaive. Il reçoit le sang des veines en se dilatant, et le chasse dans les artères en se comprimant. C’est pourquoi il est regardé comme la source et le principe de la vie.

Il désigne, en second lieu, par métaphore, ce qu’il y a de plus excellent dans l’âme de cette bienheureuse Vierge, et qui paraît être le siège de l’esprit, de l’amour, de la force, de la joie, de la douleur et des autres affections, comme le cœur matériel semble être celui de la vie corporelle.

En troisième lieu, le cœur de Marie peut être pris, nous dit le Père [Jean] Eudes (1), pour son Amour même, et l’Objet de ses délices, c’est-à-dire pour son divin Fils, Notre-Seigneur, selon ces paroles : « Je dors, et mon Cœur veille ».

Ces différents aspects du Cœur de Marie forment l'objet adéquat de notre dévotion. Nous ne les séparons point dans notre pensée ; mais ils y sont étroitement unis, comme le sont la matière et la forme de toute substance complète. (…) C'est un Cœur vivant que nous vénérons, uni à une âme pleine de grâce ; un Cœur jouissant de tous les biens spirituels dont il fut enrichi pendant sa vie, et resplendissant de toutes les vertus qui firent sa parure.

Le cœur, dit à son tour le Père [Giovanni Pietro] Pinamonti [(2), peut être considéré sous deux rapports : l’un propre, et l'autre figuré. Le nom de cœur, pris en ce dernier sens, désigne le plus souvent la volonté, dans la sainte Écriture. C’est pourquoi, dans le culte du saint Cœur de Marie, le cœur est pris tantôt pour la volonté, tantôt pour l’état intérieur de la bienheureuse Vierge

Mais, comme dans l’exercice de la dévotion, si spirituelle qu’elle soit, nous avons besoin de quelque chose de matériel et de sensible, afin de mieux fixer notre attention, et exciter notre amour (3), la dévotion au saint Cœur de Marie est prise également dans le sens propre, c’est-à-dire qu’elle a aussi pour objet cette partie du corps de la sainte Vierge, qui est le principe de sa vie matérielle.

Ces deux points de vue sont d’autant plus inséparables en notre pensée, qu'ils ont entre eux la relation la plus étroite. Le cœur est le symbole de l’amour, et c’est l’amour de Marie pour Dieu et les hommes que nous honorons sous le symbole de son Cœur. Ce symbole n’est point seulement de nom (in voce) ni une figure, ou une métaphore basée sur une simple convenance de la chose avec la pensée à exprimer ; mais un symbole réel (in re) ayant son fondement dans la nature même de l’objet.

C’est pourquoi, quoiqu’il soit vrai de dire que, dès que la forme symbolique est considérée dans le Cœur de Marie, on fasse abstraction de ce qu’il a de corporel, pour se porter vers ce qu'il a de spirituel, on ne saurait néanmoins l'exclure entièrement, et ne pas l’avoir en dévotion. L’objet direct et premier de notre culte sera toujours ce Cœur virginal formé de chair et de sang ; l’objet indirect et dernier, l’amour dont il est le symbole, et les traits de divine gloire dont le Cœur de son Cœur, qui est Jésus, l’a revêtu.

(…) [I]l y eut toujours, entre Jésus et Marie, une relation si intime, une conformité si grande, que l’on ne peut penser à lui sans que l’image de celle dont il est né ne vienne aussi nous réjouir, et comme achever le tableau. C'est pourquoi la dévotion envers le Cœur de cette divine Mère devait naître naturellement de celle que l'on avait pour celui de Jésus ; elle devait grandir dans les mêmes temps, les mêmes circonstances, et se montrer enfin dans toute sa beauté au milieu des mêmes épreuves. de l’Église , et des besoins des fidèles.

Si nous jetons les yeux sur cette Vierge incomparable, dit le Père [Joseph de] Gallifet (4), nous la verrons, dès le commencement des siècles, prédestinée et choisie avec son divin Fils, de préférence à toute créature. Elle fut comme lui la cause finale, au moins secondaire, de toute la création, ainsi que l’indiquent divers passages de la Sagesse (5), qui sont appliqués à Marie tant par l'Église que par les saints Pères. Plus tard, elle fut figurée, de concert avec le Rédempteur des hommes, dans les promesses faites par Dieu aux patriarches, dans les symboles et les images de l’ancienne loi.

Mais jamais cette union ne fut plus frappante, ni plus belle, que dans la nouvelle loi. L’évangéliste, en racontant les principales circonstances de la vie de Jésus, ne sait point le séparer de Marie (6). Ce divin Sauveur ne veut se manifester aux gentils qu'en compagnie de sa Mère (7), et Il partage avec elle les tristes prédictions du saint vieillard Siméon (8). Il passa le temps de son enfance ou collé à ses mamelles, ou enchaîné dans ses bras. Plus tard, Il vécut sous le même toit, mangea à la même table, usa des mêmes biens, et jouit de la même fortune. Saint Jean, en parlant des noces de Cana, cette scène si touchante de la vie de Jésus, n’a pas oublié de nous dire que Marie était là (9). Elle était là, aussi, quand son divin Fils mourait sur le Calvaire (10), coopérant à la rédemption par son consentement, comme elle avait concouru à l’incarnation en donnant sa volonté (11). Si le Prophète, en nous racontant la gloire de Jésus, nous dit qu’il a placé sa tente dans le soleil ; saint Jean, pour chanter celle de Marie, nous la montre ayant le soleil pour vêtement, et les étoiles pour couronne (12).

Marie est associée, en quelque sorte, à la présence réelle de Jésus dans le tabernacle. Le premier blasphème contre la vérité du sacrement de l’autel consistait à nier que le corps eucharistique du Seigneur fût le corps né de Marie. En réponse à cette négation, notre acte de foi se formule toujours en ces termes: « Je vous salue, corps véritable, né de la Vierge Marie (13) ». Aussi n’y a-t-il pas un seul temple catholique où, à côté du tabernacle de pierre ou de bois, qui contient le corps de Jésus, vous n’aperceviez l'image de celle qui en fut le tabernacle vivant (14).

Ces rapports de conformité et de ressemblance entre Jésus et Marie deviennent de plus en plus sensibles, si nous les considérons dans leurs vertus, leurs perfections, leurs qualités, leurs privilèges, leur puissance et leur gloire.

Si Jésus fut par ses vertus et l'onction de la grâce le plus beau des enfants des hommes, Marie surpassa toutes les filles d’Israël (15). S’il est notre roi, Marie est notre reine ; s’il est Notre-Seigneur, elle est Notre-Dame ; s’il est notre avocat et notre médiateur auprès de Dieu, elle est notre avocate et notre médiatrice ; s’il est notre père, elle est notre mère ; s’il est notre vie, notre espérance et notre refuge, elle est tout cela aussi.

Les prérogatives de Marie sont aussi en conformité avec celles de Jésus. Jésus est impeccable par nature, Marie l'est par grâce. Jésus est exempt du péché tant originel qu’actuel, Marie jouit du même privilège. Jésus est l'auteur de la grâce, Marie en est la source. Jésus est le père de la miséricorde, Marie en est la mère. Jésus est vierge, Marie l'est aussi. Jésus demeure incorruptible dans le tombeau, Marie jouit de la même prérogative. Jésus ressuscite après trois jours, Marie aussi. Jésus monte au Ciel en corps et en âme, Marie dans son Assomption imite son divin Fils. Jésus est assis à la droite du Père, Marie, à la droite de son Fils. Le Père partage son empire et sa gloire avec son Fils, Jésus les partage avec sa Mère.

Si, maintenant, nous considérons les honneurs que l’Église rend à Jésus, nous lui en verrons rendre de semblables à Marie. Il n’est aucun lieu où le nom de Jésus soit béni, que celui de Marie né le soit aussi; il n'est aucune nation où Jésus soit reconnu pour Fils de Dieu, qui ne reconnaisse Marie pour Mère de Dieu. Il n’est aucun temple élevé à Jésus, qui n'ait quelque souvenir en l'honneur de Marie. Aucun saint n'a aimé Jésus d’un amour particulier, sans qu'il ait ressenti une même affection pour Marie. Si l’Église a des solennités pour honorer les mystères de Jésus depuis son Incarnation jusqu'à son Ascension, elle en a pour honorer ceux de la vie de Marie depuis sa Conception jusqu'à son Assomption. En un mot, il ne s'établit pas une fête en l'honneur de Jésus, qu’il n'en naisse une semblable en l'honneur de Marie. C’est pourquoi nous avons dit, avec raison, que la dévotion au sacré Cœur de Jésus devait faire naître celle au saint Cœur de Marie.

En effet, le culte du saint Cœur de Marie s’est propagé, comme celui du divin Cœur de Jésus, dans l’univers entier. Ce qu'il y a d’admirable, dit encore le P. Gallifet (16), c'est que Jésus a si bien disposé toute chose, que le premier sanctuaire élevé à la gloire de son Cœur fut aussi dédié à celui de sa Mère, afin qu'au même moment on commençât à honorer ces deux Cœurs comme étant indivisibles. Ce fut le grand séminaire de Coutances qui eut la gloire de posséder ce sanctuaire. On en fit la dédicace pendant huit jours, et on y établit la confrérie des sacrés Cœurs de Jésus et de Marie, que Clément X enrichit d’indulgences (4 octobre 1674).

Est-il maintenant nécessaire de nous arrêter à discourir sur l’utilité de cette dévotion ? N'est-elle pas évidente par elle-même? La nature de son objet n'en publie-telle pas toute l’excellence, et la grandeur de nos misères ne nous presse-t-elle pas de recourir à cette source de grâce et de miséricorde ?

N’avons-nous pas besoin — disait un des deux consulteurs de la sacrée Congrégation des Rites dans ses comices du 22 juillet 1855 — d’un médiateur auprès de notre médiateur, Jésus ; et en est-il un plus apte et plus puissant que Marie, pour nous ouvrir l'accès à Dieu le Père ? Si le Fils de Dieu montre pour nous à son Père son côté ouvert, et les blessures de ses mains et de ses pied, Marie montre à son Fils le sein qui l'a nourri. La fête du très-aimable et très-aimant Cœur de notre Mère nous protégera ainsi auprès de Dieu, et nous rendra à la confiance. Elle est la Reine assise à sa droite en vêtements d’or, tissus de diverses couleurs ; il n’y a rien qu’elle ne puisse obtenir. Elle est la gardienne de l’Église, et notre ferme espérance. On peut lui appliquer les paroles de la sainte Écriture : « En moi est toute la grâce de la voie et de la vérité;en moi est toute l'espérance de la vie et de la vertu (17) ».
(...)
Ne pratiquons-nous pas chaque jour — s’écrie Mgr Guibert (18) — un culte de cette sorte dans les relations purement humaines ? Ce que nous honorons le plus dans l'homme, c'est le cœur qui bat dans sa poitrine, parce qu’il est la source de toutes les grandes pensées, de tous les nobles et généreux sentiments. Quand ce cœur a été glacé par la mort, nous nous efforçons de prolonger sa vie dans nos souvenirs. Notre piété se plaît à renfermer dans des vases précieux la relique inanimée, et nous l’entourons encore de notre vénération et de notre respect. Ce culte naturel observé chez tous les peuples est parfaitement légitime, et conforme à la raison, parce qu'en effet le cœur c'est tout l'homme, et c’est par le cœur que l'homme mérite l'admiration et l’amour des autres hommes.

Et l’on condamnerait les hommages rendus au Cœur vivant et immaculé de Marie ! Et l'on s'étonnerait que cette dévotion recherchât dans la personne de cette auguste Vierge ce qu’il y a de plus intime et de plus touchant, c'est-à-dire le cœur, ce foyer de son amour, de son dévouement et de son abnégation ? Quelle source plus grande d’enseignements, quel centre plus éclatant de lumière, quel brasier d'amour plus réconfortant ?


Notes

(1) S. Jean Eudes, Le Cœur admirable de la très-sacrée Mère de Dieu ou La dévotion au très-saint Cœur de la Bienheureuse Vierge Marie, Jean Poisson, Caen, 1681, livre 1, chapitre 5, section 1 : « C'est honorer le très grand amour et la charité très ardente de cette mère de belle dilection, au regard de Dieu et au regard des hommes ; et tous les effets qu'un tel amour et une telle charité ont produits, en ses pensées, paroles, prières, actions, souffrances, et en l'exercice de toutes sortes de vertus. C'est rendre honneur au cœur corporel, au cœur spirituel et au cœur divin de Jésus, qui sont aussi les cœurs, ou plutôt le cœur de Marie. C'est rendre gloire à ce même Jésus, qui est le cœur de son père éternel, et qui a voulu être le cœur de sa divine mère. », p. 47.

(2) Sanctissimum Cor Mariae, sive Summa Mariae sanctitas per septem selectissimas considerationes et pulcherrimas Sanctorum praxes a P. Joanne Petro Pinamonti a Societate Jesu Mariophlis proposita, Joseph Schögel, Nice, 1733, p. 4.) : At quid putas tu, quid per ‘cor’ intellegam ? Per verbum ‘cor’ saepius in sacris Litteris voluntas designatur, et aliquando etiam totus internus animae status, si vocabulum istud in sensu morali accipiatur. In quo sensu et nos hic verbum istud frequenter adhibemus, jam pro voluntate videlicet, jam pro interno sanctissimae Virginis statu.” (« Et que penses-tu que je comprenne par “cœur” ? Par le mot “cœur”, dans les Écritures saintes, on désigne souvent la volonté, et quelquefois également tout l’état intérieur de l’âme, si ce nom est pris au sens moral. C’est en ce sens que nous employons fréquemment ce mot, tantôt naturellement pour désigner la volonté, tantôt pour désigner l’état intérieur de la très-sainte Vierge »)

(3) S. Thomas d’Aquin] Somme théologique, IIa IIae, q. 82, art. 3 : “Sed ex debilitate mentis humanae est quod sicut indiget manu duci ad cognitionem divinorum, ita ad dilectionem, per aliqua sensibilia nobis nota.(« Mais la faiblesse de l'esprit humain est telle que, de même qu'il a besoin d'être conduit par la main jusqu'à la connaissance des choses divines, il a besoin d’être conduit à l’amour par le moyen de choses sensibles que nous connaissons. »)

(4) Père Joseph de Gallifet, L'Excellence de la dévotion au Cœur adorable de Jésus-Christ, Henri Declaustre, Lyon, 1743, p. 230-231.

(5) “[Ex ore Altissimi] [p]rodivi primogenita ante omnem creaturam” (« C’est moi qui, de la bouche du Très-Haut, suis sortie engendrée la première avant toute créature » ; Ecclésiastique 24, 5). “Ab aeterno ordinata sum (« Dès l'éternité j'ai été établie » ; Proverbes 8, 23a) (...) Quando praeparabat cœlos, aderam (« Quand il préparait les cieux, j'étais présente ; Proverbes 8, 27a) (…). Cum eo eram cuncta componens” (« J'étais avec lui, disposant toutes choses » ; Proverbes 8, 30a).

(6) “[…] Maria de qua natus est Jesus, [...]” (« (…) Marie, de laquelle est né Jésus (…) Matthieu 1, 16).

(7) “Et intrantes domum invenerunt puerum cum Maria matre ejus” (« Et, entrant dans la maison, ils trouvèrent l'enfant avec Marie, sa mère » ; Matthieu 2, 1l).

(8) “Ilic positus est […] in signum cui contradicetur, et tuam ipsius animam pertransibit gladius” (« Celui-ci a été établi (…) en signe que l'on contredira, et un glaive traversera votre âme » ; Luc 2 34b-35a).

(9) Et erat mater Jesus ibi (« et la mère de Jésus y était. » ; Jean 2, 1b).

(10) “Stabat […] juxta crucem [...]” (« (…) étaient debout près de la croix (…) ;Jean 19, 25).

(11) “Ne timeas Maria [...] paries Filium, et vocabis nomen ejus Jesum” (« Ne craignez point, Marie (…) vous enfanterez un fils à qui vous donnerez le nom de Jésus. » ; Luc 30a.31b).

(12) “Amicta sole, et in capite ejus corona stellarum” (« (…) revêtue du soleil, ayant la lune sous ses pieds, et sur sa tête une couronne de douze étoiles. » ; Apocalypse 12, 1b).

(13) Ave verum corpus natum de Maria virgine [hymne récitée ou chantée lors d’un salut au Saint-Sacrement de l’Eucharistie].

(14) Mgr Louis-Édouard Pie (évêque de de Poitiers), Homélie pour le couronnement de Notre-Dame d’Issoudun, 8 septembre 1869 in R. P. Mercier, s. j., La Vierge Marie selon le cardinal Pie, Librairie H. Oudin, Poitiers et Paris, 1889, p. 302.

(15) “(…) Ecce tu pulchra es amica mea […]. Ecce tu pulcher es dilecte mi [...].” (« Vois que tu es belle, mon amie (...). Vois que tu es beau, mon bien-aimé (…). » ; Cantique des Cantiques 1, 14-15).

(16) P. Joseph de Gallifet, op. cit., p. 249. Cf. également Jacqueline Davoust, « La chapelle de Coutance », http://cgh.coutances.pagesperso-orange.fr/images_public/Chapellelycee.pdf, 27 mars 2006 : « C’est à Marie des Vallées, la “sainte de Coutances” que revint l’honneur de poser la première pierre de cette chapelle dédiée aux Saints Cœurs de Jésus et Marie, le 3 juillet 1652. Pour construire la chapelle, les dons affluèrent, on eut le droit de prendre le bois en forêt de Bricquebec, Marie des Vallées y consacra son petit patrimoine... Il est dit que pendant la construction, la protection divine se manifesta de façon miraculeuse comme cet ouvrier tombé d’un très haut mur et qui s’en releva sans la moindre blessure... Les travaux durèrent trois ans. La forte déclivité du terrain nécessita la construction d’une crypte (avec de magnifiques piliers maçonnés) sous le chœur et une partie de la nef. La belle voûte en bois fut ornée en trois endroits du sceau des Eudistes (cœur surmonté d’un croix, entouré d’une rose et d’un lys). Le 4 septembre 1655, on célébra la première messe. Ce jour-là, Marie des Vallées fut encore à l’honneur. (…) Coutances eut ainsi l’honneur de posséder la première chapelle au monde dédiée aux Saints Cœurs de Jésus et Marie. »

(17) P. Nicolaus Nilles, (…) De rationibus festorum sacratissimi cordis Jesu et purissimi cordis Mariae e fontibus juris canonici erutis, tome I, livre 2 : De festo Purissimi Cordis Beatae Mariae Virginis, Libraria Academica Wagneriana, Innsbrück, 1873, p. 446-447 : [En fait, il s’agit d’une citation de S. Bernard] : “Accedit et alia consideratio ex s. Bernardo deprompta. Nobis, inquit S. Doctor, opus est mediatore apud mediatorem, Christum videlicet ; neque ullus aptior magisque efficax quam Maria ; quo fit, ut securum habeamus accessum ad Deum Patrem, cui Filius latus et, vulnera, Mater Filio pectus et ubera pro nobis exhibet et ostendit. Festum amabilissimi et amantissimi Cordis Matris Nostrae id efficiet, ut spem certissimam in ea repositam habentes ejus apud Deum patrocinia experiamur. Ipsa est Regina adstans , a dextris Dei in vestitu deaurato et circumamicta, varietate; nihil omnino est, quod ab eo impetrare non valeat ; ipsa est tam praesens catholicae Ecclesiae tutela et spes fidissima, omnium nostrum. Ipsi accommodantur verba scripturae : ‘In me gratia omnis viae et veritatis ; in me omnis spes vitae et virtutis’ (Eccli. 24, 25). »

(18) Mgr Joseph-Hippolyte Guibert, « Mandement touchant le projet de construction à Montmartre d’une église votive au Sacré-Cœur de Jésus », 15 août 1873, in Annales catholiques : revue religieuse hebdomadaire de la France et de l'Église, 4 septembre 1873, p. 429 ou in L’Univers, n°2255, 31 août 1873, p. 1.

Référence

Abbé Boiteux, Le Cœur Immaculé de Marie, Bloud et Barral, Paris, 1876, p. 6-16.

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