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samedi 6 octobre 2012

Les carences affectives d'origine maternelle, 2006


Ce sont les séparations durables survenues pendant les trois premières années et notamment du sixième au quinzième mois qui sont les plus graves.

De trois à cinq ans, les enfants, ne vivant plus exclusivement dans le présent, n'ont plus cette impression d'abandon total et peuvent imaginer vaguement un temps où leur mère reviendra. Le développement du langage élémentaire leur permet aussi de meilleurs contacts sociaux.

Après l'âge de cinq ans, les troubles du développement deviennent rares et moins graves.

En revanche, les conséquences fâcheuses d'une carence maternelle se manifestent sur le plan de l'évolution affective.

Les enfants ayant dépassé l'âge de cinq supportent d'autant mieux la séparation que leurs relations antérieures avec leur mère a été meilleures. Un enfant qui a acquis une sécurité de base suffisante n’interprétera pas l'éloignement du milieu familial comme une punition et un abandon. Il adhérera plus aisément aux raisons qui lui sont fournies.

Les manifestations tardives, chez l'adolescent ou chez l'adulte, de la carence affective infantile durable revêtent des formes différentes de celles présentées chez les jeune enfant. Elles n'en sont pas moins la traduction du caractère indélébile de la souffrance affective subie par l'enfant.

Ce qui les caractérise avant tout, c'est un trouble profond de l'affectivité et, partant, l'inaptitude des individus à établir des relations sociales normales.

Par ailleurs, on a pu remarquer chez les sujets qui ont souffert de ce type de carence affective :
- la présence fréquente d'une difficulté à soutenir l'attention, 
- l'instabilité, 
- le manque d'esprit critique, 
- le manque de sens des réalités objectives 
- et l'inaptitude à l'abstraction pure ou au raisonnement logique.

On peut aussi se demander si cette carence affective infantile durable n'engendrerait pas certaines formes de schizophrénies juvénile, qui sont avant tout caractérisées par :
- des troubles de l'affectivité, 
- un contact défectueux sur le plan individuel 
- et une mauvaise adaptation sociale. 

Certains enfants qui en ont souffert n'ont pu, devant les exigences accrues de l'adolescence, maintenir les compensations qu'ils avaient pu créer et qui avaient été jusqu'alors suffisantes.

Les troubles des relations sociales sont très fréquentes chez les adolescents qui ont souffert d'une carence affective à la suite d'une séparation avec leur mère ou d'une relation perturbée avec elle.

La délinquance étant le témoignage le plus évident d'une mauvaise adaptation sociale, on ne s'étonnera pas de la rencontrer fréquemment chez les jeunes carencés sur le plan affectif. Les principales manifestations de cette délinquance juvénile sont la prostitution, le vol et la fugue.

Un certain nombre d'études ont mis en évidence la fréquence de la carence affective et du mauvais exemple maternel chez les jeunes prostituées.

Certains vols, dit de « compensation affective », se rencontrent chez des enfants ou des adolescents qui souffrent d'un manque d'affection, notoire ou méconnu. Ces vols ont des caractères bien spécifiques : ils portent le plus souvent sur des friandises ou sur de l'argent qui permet de s'en procurer, mais cet argent n'est jamais mêlé à celui que l'enfant peut par ailleurs posséder légitimement. C'est un vol « généreux », dans la mesure ou l'enfant en distribue volontiers le produit à ses camarades. Tout se passe comme si le produit matériel du vol ou les satisfactions procurées ainsi aux autres pouvaient combler symboliquement le vide affectif béant du cœur du jeune voleur.

Les fugues, enfin, ne sont pas rares chez les jeunes souffrant de carences affectives ou chez ceux qui croient en souffrir. Le « vagabondage-test » est le plus souvent le fait d'un jeune qui, se croyant mal aimé, par à l'aventure avec, au fond du cœur, l'impatience de connaître la réaction de ses parents, car c'est d'après l'anxiété que ceux-ci manifesteront alors à son égard qu'il jugera de la réalité et de la profondeur de leur affection.

Référence

Marie-Noël Tardy-Ganry et Thérèse Durandeau, Les troubles de la personnalité chez l'adolescent. Comment réagir en tant que parent ?, coll. Éclairages, Studyparents, 2006, p. 86-88.

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