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lundi 4 juillet 2011

Définition de la pusillanimité par le Dr F. Poujoul, 1857.


PUSILLANIME, Pusillanimité (défaut).


Il y a dans la société des hommes qui, par système, n'ont d'avis sur rien, et qui ne craignent rien tant que d'avoir à se prononcer. Ils sont de l'avis de tout le monde, pour ne se commettre avec personne ; et ils tremblent d'avoir une opinion, parce qu'il faudrait la soutenir. Dans les affaires, ils n'ont jamais le courage de prendre une résolution ; ils louvoient entre les partis, tâchant de garder le milieu, ne tenant pas devant les oppositions, et cherchant à les accommoder. Auprès de ces hommes, le plus fort a toujours raison ; ils sont ordinairement de l'avis de celui qui parle le dernier. Ils craignent pardessus tout de s'engager de manière à n'être plus maître de leurs mouvements, ni de leur avenir. On voit de nos jours une multitude de lâches de cette espèce. Rien ne rétrécit plus le cœur et l'esprit, l'âme en est rapetissée, diminuée, et c'est ce qu'indique l'expression de Pusillanime (pusilla anima).
J'ai dit que l'absence de courage était habituelle ou passagère, parce que, malgré que la pusillanimité soit un défaut naturel, inhérent à notre nature, il y a cependant bien des personnes qui ne sont pusillanimes que dans certaines circonstances. Et par exemple, combien n'en voit-on pas qui ont de la force d'esprit, du courage dans l'âme, de la fermeté dans le caractère, et qui néanmoins, à la moindre indisposition, perdent toutes ces éminentes qualités ! Combien d'esprits supérieurs qui, à la moindre maladie, deviennent pusillanimes ! qui, inquiets, agités, tremblants, craignant tout ce qui les environne, se croient menacés de quelque accident imprévu, voient la mort se dresser devant eux comme un fantôme terrible, toujours prèle à les frapper !... De là cette définition donnée par Théophraste : 

« La pusillanimité est cet état de l'âme qui se sent découragée à la vue du péril. » 

Cela est d'autant plus exact que j'ai connu un brave général, ayant conquis tous ses grades à la pointe de son épée, il avait été soldat, qui, sitôt qu'il était malade, devenait d'une pusillanimité telle, que la vue d'une lancette approchant de son bras le faisait tomber en syncope. J'aimerais mieux en ce moment affronter un bataillon, disait-il à son médecin, que vous et votre instrument.
La pusillanimité, avons-nous dit, est ou permanente ou passagère : passagère, elle, disparaît avec la cause qui l'a produite, et ne doit donc pas nous occuper ; permanente, elle tient à la faiblesse d'esprit et au manque de courage ; il faut donc fortifier l'un et donner l'autre.

Félix-André-Augustin Poujol, Dictionnaire des facultés intellectuelles et affectives de l'âme: ou l'on traite des passions, des vertus, des vices, des défauts, etc., J. P. Migne éditeur, 1857, col. 732.

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