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jeudi 16 juin 2011

Excision et circoncision.

« En fait de pratiques immorales, il est difficile d'imaginer plus grotesque que la mutilation des organes sexuels d'un nouveau-né. Quoi de plus incompatible,en outre, avec l'argument du plan divin. Un démiurge ne se devrait-il pas d'accorder une attention toute particulière aux organes reproducteurs de ses créatures, si essentiels à la perpétuation des espèces ? Pourtant, depuis l'aube de l'humanité des rites religieux exigent d'arracher les enfants à leur berceau pour les taillader à l'aide de pierres ou de couteaux tranchants. Dans certaines sociétés animistes et musulmanes, ce sont les fillettes qui subissent le pire traitement : l'excision des petites lèvres et du clitoris. Cette pratique est parfois différée jusqu'à l'adolescence et accompagnée, on l'a vu, de l'infibulation, qui consiste à coudre les grandes lèvres en ne laissant qu'une petite ouverture pour le passage de l'urine et du sang menstruel. Le but est clair: annihiler ou réduire l'instinct sexuel féminin et réprimer la tentation d'avoir des relations avec un autre homme que celui auquel elle sera donnée (et qui aura le privilège de déchirer ces fils lors de la très redoutée nuit nuptiale). Entre-temps, on lui enseignera que son écoulement mensuel est une malédiction ( toutes les religions ont exprimé leur horreur des menstrues, et beaucoup interdisent encore aux femmes ayant leurs règles d'assister au culte), et qu'elle est un vase impur.
Dans d'autres cultures, en particulier la culture juive et la culture musulmane, c'est la mutilation sexuelle des petits garçons qui est requise. (Curieusement, les petites filles peuvent être juives sans altération sexuelle : inutile de chercher une cohérence dans les alliances que les peuples croient avoir conclues avec dieu !). Ici, les motivations originelles semblent obéir à une double raison. L'effusion de sang - exigée dans les cérémonies de circoncision - est très probablement une survivance symbolique des sacrifices humains et animaux si importants dans le paysage sanglant de l'Ancien Testament. Les parents pouvaientainsi sacrifier seulement une partie de leur enfant. En réponse à l'objection d'interférence dans l’œuvre divine a été inventé le dogme selon lequel Adam  est né circoncis et à l'image de dieu. Certains rabbins  vont jusqu'à prétendre que Moïse, lui aussi, est né circoncis, bien que cette affirmation s'explique peut-être par le fait que le Pentateuque ne mentionne nulle part la c
irconcision du prophète... Le deuxième objectif - énoncé sans ambiguïté par Maïmonide - est le même que pour les filles: ôter autant que possible aux relations sexuelles leur aspect agréable. Voici ce que nous dit le sage dans son Guide des égarés
 
Quant à la circoncision, l'une de ses raisons est, à mon avis, la volonté de réduire la copulation et d'affaiblir l'organe en question, afin que son activité soit diminuée et qu'il demeure aussi tranquille que possible. On pense parfois que la circoncision parfait ce qui est congénitalement imparfait. [...] Comment des choses naturelles peuvent-elles être si défectueuses qu'il faille les corriger de l'extérieur, d'autant que nous savons combien le prépuce est utile à ce membre ? En fait, ce commandement n'a pas été prescrit afin de parfaire ce qui est congénitalement imparfait, mais pour parfaire ce qui est moralement imparfait. La souffrance physique causée à ce membre est l'objet véritable de la circoncision. [...] Le fait que la circoncision amoindrit la faculté d'excitation sexuelle et diminue parfois peut-être le plaisir est incontestable. Car si on fait saigner ce membre à la naissance et qu'on lui ôte son enveloppe, il doit indubitablement être affaibli.

Maimonide ne semble pas particulièrement impressionné par la promesse faite à Abraham (Genèse, XVII) selon laquelle la circoncision lui permettrait d'avoir une nombreuse progéniture en dépit de ses quatre-vingt-dix-neuf ans. Mais si son fils IsmaëI, alors âgé de treize ans, ne sacrifie que son prépuce, Isaac - curieusement qualifié de fils « unique » d'Abraham au chapitre XXII de la Genèse -, circoncis à l'âge de huit jours, sera ensuite offert tout entier en sacrifice. 

Maimonide considérait aussi que la circoncision était une façon de renforcer la solidarité ethnique, et insistait particulièrement sur la nécessité d'effectuer l'opération sur les bébés sans attendre que les garçons aient atteint l'âge de raison :

La première [raison] est que si l'enfant grandissait seul, il ne s'y soumettrait pas toujours. La deuxième est qu'un enfant n'éprouve pas autant de douleur qu'un adulte parce que sa membrane est encore molle et son imagination faible ; car un adulte considérerait la chose, qu'il imaginerait avant qu'elle se produise, comme terrible et difficile. La troisième est que les parents d'un enfant nouveau-né prennent à la légère les choses qui le concernent, car à ce moment-là la forme imaginante qui contraint les parents à l'aimer n'est pas encore consolidée. [...] En conséquence, s'il était laissé incirconcis pendant deux ou trois ans, il faudrait abandonner la circoncision à cause de l'amour et de l'affection du père pour lui. Au moment de la naissance, en revanche, cette forme imaginante est très faible, surtout chez le père auquel ce commandement est imposé.

Plus récemment, certains arguments pseudo-profanes ont été avancés en faveur de la circoncision. Elle serait plus hygiénique pour les hommes et par conséquent pour les femmes, auxquelles elle permettrait d'éviter, par exemple, le cancer du col de l'utérus.  La médecine a réduit à néant ces allégations ou montré qu'on arriverait au même résultat simplement en « détendant » le prépuce. La circoncision complète, originellement exigée par dieu comme prix du sang pour le futur massacre des habitants de Canaan, apparaît aujourd'hui clairement pour ce qu'elle est : la mutilation d'un bébé innocent dans le but de détruire sa vie sexuelle future. Le lien entre la barbarie religieuse et la répression sexuelle ne saurait être plus évident que lorsqu'il est « marqué dans la chair». Qui pourra compter le nombre de vies ainsi rendues misérables, surtout depuis que des médecins chrétiens se sont mis à adopter l'antique folklore juif dans leurs hôpitaux ? Et qui peut supporter de lire les manuels et les histoires de la médecine qui recensent froidement le nombre de petits garçons morts d'une infection après leur huitième jour, ou qui ont subi des dysfonctionnements et déformations intolérables ? La quantité d'infections, notamment syphilitiques, dues aux dents pourries ou à d'autres écarts des rabbins, ou à la section maladroite de l'urètre et parfois d'une veine, est tout simplement effroyable. Et cette pratique est permise à New York aujourd'hui encore ! S'il ne s'agissait pas de la religion et de son arrogance, aucune société saine d'esprit ne tolérerait cette amputation primitive, ni n'autoriserait une opération chirurgicale sur les parties génitales sans le consentement total et informé de la personne concernée. »

Référence.

Christopher Hitchens, Dieu n'est pas grand. Comment la religion empoisonne tout, Belfond, Pocket, 2009, pp. 305-309
  

Remarques :
 
1. Moïse Maïmonide est un rabbin andalou du XIIe siècle (Cordoue, 30 mars 1138 - Fostat, 13 décembre 1204 à Fostat), considéré comme l'une des figures les plus importantes du judaïsme, toutes époques et tendances confondues, au point d'être comparé, dans son épitaphe, à Moïse : « De Moïse à Moïse, il ne s'en leva aucun comme Moïse».
Médecin, philosophe juif, commentateur de la Mishna, jurisconsulte en matière de Loi juive et dirigeant de la communauté juive d'Égypte, il excelle dans tous ces domaines, et influence également le monde non-juif, notamment Thomas d'Aquin, qui le surnomme « l'Aigle de la Synagogue. »

2. Certes, les chrétiens ont aboli l'obligation religieuse de la circoncision. Cependant, elle est pratiquée de façon majoritaire par les Américains, qui sont chrétiens pour la plupart.


Source :  http://www.sexopedie.com/circoncision.php

De plus, « Par le jeu des mariages, la famille royale anglaise se revendique descendante de David. La reine Victoria, était très fière de ses ancêtres juifs. La tradition veut que les Princes héritiers anglais soient circoncis en rappel de cette ascendance davidique. Lady Diana, interdit la circoncision de ses deux fils, William et Harry. Ce n'est qu'après sa mort qu'ils purent respecter la tradition familiale. »

 3. Enfin, il est bon, ici, de rappeler que le christianisme utilise l'image de la circoncision pour évoquer le « dépouillement du corps de chair » que tout chrétien doit favoriser dans le cadre de sa vie spirituelle (Colossiens 2, 11-15).

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