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vendredi 10 mars 2017

Contre les modes contraires à la décence, Mgr Quillet et Mgr Marnas, 1924


Après avoir rappelé les éléments de l'article du 4 juillet 1924, l'auteur ajoute : 


Hector Raphaël Quillet (1859-1928)
(…) On se souvient aussi que Mgr Quilliet, évêque de Lille, a précisé que les fillettes doivent porter des robes descendant au-dessous du genou.

Enfin, la Semaine religieuse de Clermont publie ce communiqué de l'évêché :

L'indécence de plus en plus caractérisée d'une mode supprimant dans le costume des femmes les manches et augmentant le décolletage, le sans-gène avec lequel certaines personnes viennent à l'église dans une tenue indigne de chrétiennes et osent même parfois s'approcher de la sainte Table, nous obligent à faire publier par MM. les curés cet avertissement :

1° L'immodestie des vêtements partout et toujours répréhensible l'est particulièrement dans le saint lieu. C'est pourquoi toute personne se permettant d'y paraître avec une mise inconvenante s'exposerait à être invitée à sortir de l'église ;

2° Les sacrements devront être refusés aux femmes et aux jeunes filles qui se présenteraient au tribunal de la pénitence ou à la Table sainte dans un costume peu décent (corsage décolleté, manches insuffisamment longues, ne descendant pas au-dessous des coudes) ;

3° En ce qui concerne le refus de la sainte Eucharistie, le prêtre, sans faire aucune observation à la personne dont la tenue serait incorrecte, se contentera de passer devant elle sans lui donner la sainte Communion ;

4° Le curé d'une personne à laquelle les sacrements auraient été ainsi refusés et qui pourrait ensuite trouver l'occasion de lui donner une paternelle monition n'omettra point cet acte de charité.


J.-F. Marnas, évêque de Clermont (1859-1932)
Par ces citations, nos lecteurs et lectrices voient combien l’Église est émue de voir le paganisme des vêtements nous envahir.

Que dis-je ? ce n'est plus seulement du paganisme. Les habitants des pays non civilisés que la facilité des voyages amène en Europe, s'étonnent, avec raison, de voir notre civilisation se dévêtir à l'envi, tandis qu'au nom de la civilisation, on les invite à adopter, eux, l'usage des vêtements.

Insister est inutile, l'abus est absolument flagrant, le scandale éclatant. Nous ne prétendons certes pas être en état d'établir contre le torrent de l'indécence générale une digue efficace, mais nous supplions les famiiles chrétiennes de refuser de subir le joug de la tyrannie des modes indécentes.

Elles le doivent à Dieu.

Elles le doivent à Jésus-Christ qu'elles veulent recevoir d'ans l'Eucharistie.

Elles le doivent à la tradition chrétienne.

Elles le doivent à l'édification de la jeunesse.

Si on détruit la pudeur, on tombera dans le cloaque de la corruption.


Référence

Franc., « Contre les modes contraires à la décence », dans La Croix, 45e année, n° 12688, 24 juillet 1924, p. 1.

Source de l'image représentant Mgr Marnas.

jeudi 9 mars 2017

Communiqué de Mgr l'évêque de Tarbes et Lourdes contre les toilettes indécentes, 1924




Notre-Dame de Lourdes, 19 juin 1924,
Jeudi de la Fête-Dieu.

Depuis quelque temps déjà, S.[on] Ém.[inence] le cardinal Pompili [ou Pompilj], vicaire général de Sa Sainteté pour la Ville de Rome, a fait afficher aux portes des églises de la Ville Éternelle un très grave avertissement réprouvant l'indécence de certaines modes. Voici la traduction de ce document :

AVERTISSEMENT

La femme ne doit entrer dans la maison de Dieu que décemment vêtue d'un habit montant et la tête couverte, parce que l'immodestie des vêtements, partout et toujours répréhensible, offense tout particulièrement la sainteté des temples, interdit l'accès de la Table eucharistique et attire souvent de terribles châtiments de Dieu.

+ B.[asilio], cardinal Pompili,
vic.[aire] de Sa Sainteté pour la Ville de Rome

Sous le coup des mêmes préoccupations et pour assurer le respect dû aux églises et au Très Saint Sacrement, l'éminentissime cardinal La Fontaine, patriarche de Venise, a, de son côté, publié une ordonnance analogue, dont voici la traduction:

L'administration des sacrements
et la mode féminine

Les prêtres de notre diocèse auront remarqué que, depuis quelque temps, il s'est établi, dans le costume des femmes, une mode qui supprime les manches et augmente le décolletage.

Il convient, par suite, d'avertir les fidèles que les personnes qui oseraient venir à l'église avec des habillements de ce genre – (corsages décolletés, manches insuffisamment longues, ne descendant pas au-dessous du coude) – ne seront pas admises aux sacrements et pourront être invitées à quitter l'église.

Si donc une femme ou une jeune fille vêtue de cette façon se présentait à la sainte Table pour communier, tout prêtre devrait – sans d'ailleurs lui faire aucune observation directe – passer devant elle, sans lui donner la sainte communion.

Si le pasteur de cette personne pouvait ensuite trouver l'occasion de lui faire entendre un paternel avertissement, qu'il n'omette pas cet acte de charité.

+ P.[ietro], card.[inal] La Fontaine,
patriarche de Venise.

*

En voyant, à notre vive douleur, le débordement des abus auxquels cherchent a remédier les vénérés cardinaux Pompili et La Fontaine s'étendre de plus en plus et envahir même la cité des Apparitions, nous nous et oyons obligé à faire nôtres et à adopter comme ligne de conduite à suivre – dans tout notre diocèse, mais à Lourdes tout spécialement – les graves décisions prises et promulguées par ces deux illustres princes de l’Église.

François-Xavier Schoepfer (1843-1927), portrait par Jean Veber
En conséquence, si, dans notre diocèse de Tarbes et Lourdes, une personne contrevenant dans son costume aux susdites prescriptions venait à la sainte Table pour communier, tout prêtre – sans d'ailleurs lui adresser d'observation directe – devrait s'abstenir de lui donner la sainte communion.

En faisant ainsi écho aux défenses des éminentissimes cardinaux Pompili et La Fontaine, Nous nous inspirons aussi de l'exemple venu naguère de Notre Saint-Père le pape Pie XI lui-même, qui a formellement interdit de laisser paraître en sa présence « les dames ou les jeunes filles dont la robe ne serait pas absolument montante et les manches suffisamment longues ».

Nous croyons de plus, en ce qui concerne Lourdes, devoir ajouter que les personnes dont le costume serait contraire aux ordonnances ci-dessus reproduites doivent se considérer comme indignes d'être admises à entrer dans la Grotte miraculeuse, consacrée par les Apparitions de la Vierge immaculée.

Quant aux Enfants de Marie, même revêtues du voile blanc, et aux Noëlistes, elles ne pourront, dans tout notre diocèse, mais à Lourdes surtout, jouir du privilège d'avoir une place réservée dans les rangs des processions qu'à la condition absolue d'avoir, ainsi qu'il est de rigueur pour les audiences pontificales, au Vatican, « des corsages tout à fait montants et les bras recouverts par des manches de longueur normale ».

Ces mêmes règles Lourdes, observées par les dames et les jeunes filles qui, en qualité d'hospitalières ou d'infirmières, s'appliquent, avec un si admirable dévouement, au service des malades de nos Pèlerinages.

Nous Insistons tout particulièrement sur cette recommandation en proposant à ces dames, comme idéal de leur pieux ministère, d'unir à la pratique d'une charité au-dessus de tout éloge celle de la décence la plus délicate. Elles contribueront ainsi, et très efficacement, à faire de Lourdes, en quelque sorte, une prédication vivante, une école de la modestie, non moins que de la charité.

*

MM. les curés, aumôniers et vicaires donneront lecture aux fidèles qui sont confiés à leurs soins du présent communiqué, dont un exemplaire devra être affiché en permanence à l'entrée de chaque église et dans chaque sacristie.

+ Fr.[ançois]-Xavier [Schoepfer],
évêque de Tarbes et de Lourdes.

Référence

Mgr François-Xavier Schoepfer, « Communiqué de Mgr l'évêque de Tarbes et Lourdes contre les toilettes indécentes », dans La Croix, 45e année, n°12671, 4 juillet 1924, p. 1.

mercredi 8 mars 2017

Combattre les modes indécentes, Benoît XV, 1919


Le pape Benoît XV (1854-1922)
(…) Hâtons-Nous, au contraire, de Nous féliciter de la résolution qu'on vient de formuler : vous allez veiller à ce que la femme catholique se sente tenue non seulement d'être honnête, mais encore de prouver son honnêteté par la façon de se vêtir. Pareille résolution rappelle la nécessité pour la femme catholique de donner le bon exemple. 

Quel grave et urgent devoir de condamner les exagérations de-la mode! Nées de la corruption de ceux qui les lancent, comme le remarquait tout à l'heure la très digne présidente de l'Union des Femmes catholiques, ces toilettes inconvenantes sont, hélas ! un des ferments les plus puissants de la corruption générale des mœurs.

Nous croyons devoir insister d'une manière particulière sur ce point. Nous savons, d'une part, que certaines toilettes aujourd'hui admises chez les femmes sont funestes au bien de la société, car elles sont une funeste provocation au mal; et, d'autre part, Nous sommes rempli d'étonnement, de stupeur, en voyant que celles qui versent le poison semblent en méconnaître les funestes effets, que l'incendiaire qui met le feu à la maison semble en ignorer la puissance de dévastation. 

L'ignorance peut seule expliquer la déplorable extension prise de nos jours par une mode si contraire à la modestie, le plus bel ornement de la femme chrétienne ; mieux éclairée, il Nous semble qu'une femme n'eût jamais pu arriver à cet excès de porter une toilette indécente jusque dans le lieu saint, sous les regards des maîtres naturels et les plus autorisés de la morale chrétienne.

Aussi, avec quelle satisfaction approuvons-Nous que les adhérentes de l'Union des Femmes catholiques aient inscrit dans leur programme la résolution de se montrer honnêtes même dans leur mise. Par cet engagement elles remplissent le devoir strict de ne pas donner le scandale et de ne pas être pour autrui une pierre d'achoppement dans le chemin de la vertu ; elles témoignent, de plus, avoir compris que, leur mission ayant pris une large étendue dans la société, il leur incombe de donner le bon exemple non plus seulement entre les murs du foyer domestique, mais encore dans les rues et sur les places publiques. Il importe que les femmes catholiques acceptent en toute logique cet important devoir : il leur impose, outre des obligations individuelles, une mission sociale.

Aussi désirons-Nous que les nombreuses adhérentes de l'Union des Femmes catholiques aujourd'hui réunies en Notre présence forment entre elles une ligue pour combattre les modes indécentes, non pas seulement en ce qui les concerne, mais encore chez toutes les personnes ou familles sur lesquelles leur influence peut s'exercer efficacement.

La mère chrétienne ne doit jamais, cela va de soi, permettre à ses filles de céder aux fausses exigences d'une mode répréhensible ; mais il ne sera pas superflu d'ajouter que la femme d'un rang social plus élevé est plus rigoureusement tenue de ne pas tolérer chez ses visiteuses des immodesties de toilette. Un avis donné à propos empêcherait le retour de celte audacieuse absence de réserve qui viole les droits de l'hospitalité bien comprise. Et peut-être l'écho de ce blâme, arrivant opportunément à d'autres personnes peu attentives, complices des créateurs des modes inconvenantes, leur donnerait-il le courage de ne plus se déshonorer en portant ces toilettes indécentes ou toutes autres analogues que la sage maîtresse de maison aura réprouvées sans hésitation.

Nous croyons que cette ligue contre les dérèglements de la mode ne peut que trouver bon accueil chez les pères, les époux, les frères et tous les parents des courageuses militantes. Nous voudrions, en tout cas, que s'emploient à la favoriser et répandre du mieux possible les pasteurs sacrés et tous les prêtres qui ont charge d'âmes, là où la mode a franchi les limites de la modestie... et elle les a franchies en de nombreuses régions !

Mais que Notre parole soit entendue principalement de vous, très chères Filles, qui avez aujourd'hui manifesté votre résolution d'être des apôtres au milieu du inonde.

Il ne faut pas croire, du reste, que le bon exemple favorise seulement l'œuvre éducatrice qui revient directement à la femme, dans la famille comme au dehors; le courage chrétien, qui donne vie au bon exemple de la femme dans les milieux corrompus de notre époque et tient tête au débordement de modes indécentes, facilite encore la mission de la femme au milieu de la société. Aussi le langage populaire lui-même exprime-t-il un adage du bon sens quand il affirme que « la vertu s'impose ». (…).

Référence

Pape Benoît XV, « Allocution sur la mission de la femme dans la société », devant une délégation de l'Union des Femmes catholiques, 21 octobre 1919, in Actes de Benoît XV, tome II, Maison de la Bonne Presse, Paris, 1926, p. 69-70.

mardi 7 mars 2017

Contre les toilettes immodestes, J.-M.-Rodrigue cardinal Villeneuve, 1938


Jean-Marie Rodrigue Villeneuve (1883-1947)
À l'approche de la saison d'été, qui, au surplus, nous amènera cette année les grandes manifestations religieuses du Congrès Eucharistique Canadien, il ne semble pas inutile de rappeler une fois encore à tous Nos fidèles les exigences imprescriptibles de la morale chrétienne dans le vêtement. 

Nonobstant les suggestions de la mode et les exemples d'un trop grand nombre, les catholiques ne peuvent se laisser entraîner par le torrent de l'immoralité, ni surtout les pasteurs se relâcher de leur vigilance et de leur juste sévérité.

Dans l'église et même aux fonctions sacrées qui se déroulent en plein air, une particulière surveillance doit être exercée. Il n'est permis à personne d'assister aux saints offices, et à plus forte raison de se présenter à la Sainte Table ou au Confessionnal, sans être vêtu avec convenance, chacun selon son état.

C'est la loi canonique même : « Soit dans l'église soit hors de l'église, lorsque les femmes assistent aux rites sacrés, elles doivent avoir la tête couverte et être vêtues modestement surtout pour s'approcher de la Table Sainte » (canon 1262, § 2).

Les personnes du sexe ne sauraient donc être admises dans une toilette trop négligée ou trop mondaine : leur tenue, au contraire, doit respirer la modestie, elle doit être l'ornement et la sauvegarde de la vertu. 

Qu'elles aient donc un vêtement suffisamment haut au col, les bras couverts jusqu'au poignet, une robe qui descende au moins jusqu'en bas des genoux. Le mieux sera qu'elles y ajoutent un ample manteau. 

Leur tête aussi doit être couverte, préférablement d'un long voile, ou tout au moins d'un chapeau de dimensions convenables ; en tout cas un bandeau en forme de couronne ou de diadème ne suffit pas, encore moins une simple fleur ou quelque ornement jeté sur la chevelure.

Les hommes eux-mêmes ne sauraient franchir le seuil de nos églises en costume de sport, et encore moins – est-il besoin de le dire ? — en costume de plage.

Les Curés ont le strict devoir, en tant que gardiens et interprètes autorisés de la morale chrétienne, de ne négliger aucune occasion d'insister sur ce grave précepte de la modestie, selon la règle qui leur en est tracée par l'Apôtre saint Paul : « Insta opportune, importune ; argue, obscecra, increpa in omni patientia et doctrina » (2 Tim. 4, 2) [« Insiste à temps et à contretemps ; reprends, menace, exhorte, avec une entière patience et toujours en instruisant »].

En tant que gardiens du temple et de ministres des autels, ils ont mission d'écarter du lieu saint les profanations sacrilèges que sont les toilettes indécentes, provocatrices. Ils sauront donc, en postant même des surveillants attitrés, interdire l'accès de l'église aux personnes que leur tenue en rend indignes. 

Avec la prudence et la modération inhérentes à leur ministère, ils auront aussi à sanctionner leurs avis jusque par l'exclusion et le refus des Sacrements, conformément à cette règle portée par la Sacrée Congrégation du Concile, dans l'Instruction Vi supremi apostolatus, du 12 janvier 1930 (A.A.S., XXII, 1930, 27) :

Les filles et les femmes vêtues de façon déshonnête seront exclues de la Sainte Communion ; on leur interdira d'exercer les fonctions de marraine aux sacrements de Baptême et de Confirmation ; et, si le cas le comporte, on leur interdira même l'entrée de l'église.

Nous voulons espérer que les mères chrétiennes ne Nous amèneront point à cette extrémité de rigueur, en portant jusque dans la maison de Dieu la séduction et les livrées du paganisme. 

Au contraire, elles donneront un si parfait exemple de dignité et de convenance, elles inculqueront à leurs filles un si haut respect d'elles-mêmes et une si grande vénération du lieu saint, que nos églises seront protégées contre ces désordres funestes pour les âmes.

28 avril 1938.

Référence

J.-M.-Rodrigue cardinal Villeneuve, o.m.i., « Contre les toilettes immodestes », in Circulaire au clergé, n° 52, 31 décembre 1938 ; paru dans : Mandements, lettres pastorales et circulaires des évêques du Québec, volume 15, 1936-1939, Chancellerie de l'archevêché, Québec, 1940, p. 468-470.

lundi 6 mars 2017

Instruction aux Ordinaires diocésains sur les modes féminines indécentes, par la Sacrée Congrégation du Concile, 12 janvier 1930


En vertu de l'apostolat suprême dont Dieu lui a confié l'exercice sur toute l’Église, S. S. le Pape Pie XI n'a jamais cessé d'inculquer par la parole et les écrits le précepte de saint Paul : « Que les femmes portent des habits décents, se parant avec pudeur et simplicité (...) et comme il convient à des femmes qui font profession de servir Dieu par des bonnes œuvres. »

Souvent, lorsque l'occasion s'en présentait, le Souverain Pontife réprouva et condamna très sévèrement les modes indécentes introduites partout aujourd'hui dans les habitudes vestimentaires des femmes et des jeunes filles même catholiques; non seulement ces modes offensent gravement la dignité et la grâce féminine, mais elles entraînent malheureusement des dommages temporels pour la femme et, ce qui est pis, sa perte éternelle et celle des autres.

Il n'est donc pas étonnant que les évêques et autres Ordinaires de lieu aient, comme il convient aux ministres du Christ, résisté de toutes manières et d'une voix unanime, chacun dans leur diocèse, à ce débordement de licence et d'impudence ; souvent ils ont bravé avec courage et fermeté les railleries et les outrages que leur adressaient en réponse des hommes malveillants.

C'est pourquoi cette Sacrée Congrégation, chargée de promouvoir la discipline dans le clergé et le peuple, approuve et loue à juste titre la vigilance et l'action de ces évêques ; elle les exhorte en même temps avec force à poursuivre leurs desseins et leurs entreprises opportunes comme à en presser l'exécution jusqu'à ce que cette peste soit entièrement extirpée des milieux honnêtes de la société.

Pour obtenir plus facilement et plus sûrement ce résultat, cette Sacrée Congrégation, sur l'ordre du Souverain Pontife, a pris en la matière les décisions suivantes :

I. Que les curés surtout et les prédicateurs, quand l'occasion leur en est offerte, insistent, reprennent, menacent, exhortent les fidèles, selon les paroles de l'apôtre Paul, afin que les femmes s'habillent d'une manière qui respire la modestie et qui soit la parure et la sauvegarde de la vertu; qu'ils exhortent les parents à ne pas permettre que leurs filles portent des toilettes immodestes.

II. Que les parents, se rappelant la grave obligation qui leur incombe de prendre soin de l'éducation avant tout religieuse et morale de leurs enfants, veillent, avec une particulière vigilance, à ce que leurs filles, dès leurs plus jeunes années, soient solidement instruites de la doctrine chrétienne. Que, par leurs paroles et par leurs exemples, ils mettent tout leur zèle à exciter, dans l'âme de leurs enfants, l'amour de la modestie et de la chasteté. Qu'ils s'efforcent d'élever et de diriger leurs enfants en s'inspirant des exemples de la Sainte Famille, de manière que tous, à la maison, trouvent un motif et un stimulant pour l'amour et la pratique de la modestie.

III. Que les parents interdisent à leurs filles la participation aux exercices publics et aux concours de gymnastique ; si leurs filles sont obligées d'y prendre part, qu'ils veillent à ce qu'elles mettent des habits qui respectent la décence et ne tolèrent jamais les costumes immodestes.

IV. Que les directrices de pensionnat et les maîtresses d'école s'efforcent d'inspirer à leurs élèves l'amour de la modestie. Elles les amèneront ainsi efficacement à se vêtir modestement.

V. Que ces directrices et ces maîtresses n'admettent pas dans leurs établissements ou leurs classes des élèves — et même les mères de celles-ci — qui s'habilleraient peu modestement ; si elles ont été admises et qu'elles ne s'amendent point, qu'elles les renvoient.

VI. Que les religieuses, fidèles aux prescriptions données le 23 août 1928 par la Sacrée Congrégation des Religieux, refusent d'admettre dans leurs pensionnats, leurs classes, leurs oratoires, leurs salles de récréation — ou renvoient si elles ont été admises, — les jeunes filles qui ne gardent pas la retenue chrétienne dans la manière de se vêtir ; que les religieuses elles-mêmes, dans l'éducation des enfants, prennent un soin particulier d'enraciner profondément dans leurs âmes la sainte pudeur et la modestie chrétienne.

VII. Qu'on établisse et propage des associations féminines qui se fixent pour but de refréner, par leurs conseils, leurs exemples et leur action, les abus contraires à la modestie chrétienne dans la façon de se. vêtir et se proposent de promouvoir la pureté des mœurs et la modestie dans l'habillement.

VIII. Dans les associations pieuses de femmes, qu'on n'admette point celles qui s'habillent sans modestie ; si des membres de l'association sont répréhensibles en ce point, qu'on les reprenne et, si elles ne s'amendent point, qu'on les exclue.

IX. Qu'on interdise aux jeunes filles et aux femmes qui s'habillent d'une manière immodeste l'accès de la Table sainte, le rôle de marraine au baptême et à la confirmation, et, si les circonstances le comportent, l'entrée même de l'église.

X. Aux fêtes de l'année qui offrent une occasion particulièrement opportune d'inculquer la modestie chrétienne — surtout aux fêtes de la bienheureuse Vierge Marie, — que les curés, les prêtres directeurs des Unions pieuses et des associations catholiques ne manquent pas de rappeler aux femmes, dans un discours de circonstance, les devoirs de la modestie chrétienne dans la façon de se vêtir et de les encourager à ne pas les négliger.

À la fête de l'Immaculée Conception, que l'on institue chaque année des prières particulières dans les églises cathédrales et paroissiales et qu'à la même occasion, autant que faire se peut, on exhorte le peuple chrétien par des prédications solennelles.

XI. Que le Conseil diocésain de vigilance dont il est question dans la déclaration du Saint-Office du 22 mars 1918 traite ex professa, au moins une fois l'an, des moyens les plus aptes à favoriser chez les femmes la modestie chrétienne.

XII. Afin que cette action salutaire se développe avec efficacité et plus sûrement, les évêques et autres Ordinaires de lieu, tous les trois ans, en même temps que le rapport sur l'instruction religieuse dont traite le Motu proprio Orbem catholicum du 29 juin 1923, donneront aussi à cette Sacrée Congrégation un compte rendu sur la condition et l'état des modes vestimentaires féminines et les mesures adoptées d'après les règles de cette instruction.

Donné à Rome, au palais de la Sacrée Congrégation du Concile, le 12 janvier, en la fête de la Sainte Famille, l'an 1930.

D. card. SBARRETTI, évêque de Sabine et Poggio Mirteto, Préfet.
JULES, évêque de Lampsacus, Secrétaire.


Texte latin :

SACRA CONGREGATIO CONCILII

INSTRUCTIO AD ORDINARIOS DIŒCESANOS :

DE INHONESTO FEMINARUM VESTIENDI MORE

Vi supremi apostolatus, quo in universa Ecclesia divinitus fungitur, Ssmus Dominus Noster Pius Papa XI verbis et scriptis nunquam destitit illud S. Pauli (I ad Tim., II, 9,10) inculcare, videlicet : « mulieres in habitu ornato cum verecundia et sobrietate ornantes se, et... quod decet mulieres, promittentes pietatem per opera bona ».

Ac sæpenumero, occasione data, idem Summus Pontifex improbavit acerrimeque damnavit inhonestum vestiendi morem in catholicarum quoque mulierum ac puellarum usum hodie passim inductum, qui non modo femineum decus atque ornamentum graviter offendit, sed nedum in temporalem earumdem feminarum perniciem verum etiam, quod peius est, in sempiternam, itemque in aliorum ruinam miserrime vertit.

Nihil igitur mirum, si Episcopi ceterique locorum Ordinarii, sicut decet ministros Christi, in sua quisque diœcesi pravæ huiusmodi licentiæ ac procacitati modis omnibus unaque voce obstiterunt, derisiones nonnumquam ac ludibria ob hanc causam sibi a malevolis illata æquo fortique animo tolerantes.

Itaque hoc Sacrum Consilium cleri populique disciplinæ provehendæ cum eiusmodi Sacrorum Antistitum vigilantiam et actionem merita probatione ac laude prosequatur, tum eosdem vehementer hortatur ut consilia atque incepta opportune inita insistant et alacrius pro viribus urgeant, quoadusque hic pestíferas morbus ex honesta hominum consortione penitus extirpetur.

Quod ut facilius ac tutius ad effectum deducatur, hæc Sacra Congregatio, de mandato Sanctissimi Domini, ea quæ sequuntur ad rem statuere decrevit :

I. Parochi præsertim et concionatores, data occasione, secundum illud Apostoli Pauli (II ad Tim., IV, 2) instent, arguant, obsecrent, increpent ut feminæ vestes gestent, quæ verecundiam sapiant quæque sint ornamentum et præsidium virtutis ; moneantque parentes ne filiæ indecoras vestes gestare sinant.

II. Parentes, memores gravissimæ obligationis qua tenentur prolis educationem in primis religiosam et moralem curandi, peculiarem adhibeant diligentiam, ut puellæ a primis annis in doctrina christiana solide instituantur atque in earum animo ipsi, verbis et exemplo, amorem virtutum modestiæ et castitatis impense foveant ; familiam vero, Sacræ Familiæ exempla imitati, ita constituere atque gubernare satagant, ut singuli verecundiæ amandæ atque servandæ inter domesticos parietes habeant causam et invitamentum.

III. Parentes iidem filias a publicis exercitationibus et concursibus gymnicis arceant ; si vero eisdem filiæ interesse cogantur, curent ut vestes adhibeant quæ honestatem plene præseferant ; inhonestas vero vestes illas gestare nunquam sinant.

IV. Collegiorum moderatrices et scholarum magistræ modestiæ amore puellarum animos ita imbuere enitantur, ut eædem ad honeste vestiendum efficaciter inducantur.

V. Eædem moderatrices ac magistræ puellas, ne ipsarum quidem matribus exceptis, quæ vestes minus honestas gestent, in collegia et scholas ne admittant, admissasque, nisi resipiscant, dimittant.

VI. Religiosæ, iuxta litteras die xxiii mensis Augusti, anno MDCCCCXXVIII, datas a Sacra Congregatione de Religiosis, in sua collegia, scholas, oratoria, recreatoria puellas ne admittant, admissas ne tolerent, quæ christianum vestiendi morem non servent : ipsæ vero in alumnis educandis peculiare adhibeant studium, ut in earum animo sancti pudoris et verecundiæ christianæ amor altas radices agat.

VII. Piæ instituantur et foveantur feminarum Associationes, quæ consilio, exemplo et opere finem sibi præstituant cohibendi abusus in vestibus gestandis christianæ modestiæ haud congruentibus et promovendi morum puritatem ac vestiendi honestatem.

VIII. In pias Associationes feminarum ne illæ admittantur, quæ inhonestas vestes induant ; admissæ vero, si quid postea hac in re peccent et monitæ non resipiscant, expellantur.

IX. Puellæ et mulieres, quæ inhonestas vestes induunt, a Sancta Communione et a munere matrinæ in sacramentis Baptismi et Confirmationis arceantur, atque, si casus ferat, ab ipso ecclesiæ ingressu prohibeantur.

X. Cum incidunt per annum festa, quæ modestiæ christianæ inculcandam peculiarem exhibeant opportunitatem, præsertim vero festa B. M. Virginis, parochi et sacerdotes piarum Unionum et Catholicarum Consociationum moderatores feminas ad christianum vestiendi morem, opportuno sermone revocare atque excitare ne prætermittant. In festo autem Beatæ Mariæ Virginis sine labe conceptæ peculiares preces in omnibus cathedralibus et parœcialibus ecclesiis quovis anno peragantur, habitis, ubi fieri potest, opportunis cohortationibus in sollemni ad populum concione.

XI. Consilium diœcesanum a vigilantia, de quo in declaratione Sancti Officii die XXII mensis Martii, a. MDCCCCXVIII data, semel saltem in anno de aptioribus modis ac rationibus ad feminarum modestiæ efficaciter consulendum ex professo agat.

XII. Quo vero hæc salutaris actio efficaciter et tutior succedat, Episcopi aliique locorum Ordinarii, tertio quoque anno, una simul cum relatione de religiosa, institutione, de qua in Litteris Orbem catholicum die XXIX mensis Iunii, anno MDCCCCXX in Motu proprio datis, etiam de rerum conditione ac statu circa feminarum vestiendi morem deque operibus ad normam huius Instructionis præstitis, hanc Sacram Congregationem certiorem reddant.

Datum Romæ, ex ædibus Sacræ Congregationis Concilii, die xii mensis Ianuarii in festo Sacræ Familiæ, anno MDCCCCXXX.

Donato Card. SBARETTI, Episc. Sabinen, et Mandelen., Præfectus.

L. + S. Iulius, Ep. Lampsacen., Secretarius.


Référence

Actes de S. S. Pie XI, tome 6, Maison de la Bonne Presse, Paris, 1934, p. 351-356.
 

Bienheureuse Marguerite Bays, la stigmatisée du canton de Fribourg, 1872

« Paysanne et couturière, elle fut admirée pour son zèle religieux et sa très grande piété. Dévouée sa vie durant envers les malades et les enfants, elle réchappa d’un cancer avancé des intestins le 8 décembre 1854. Elle vécut dix-neuf années supplémentaires, essayant toujours de dissimuler son mal.

« Elle mourut en 1879. Ses restes furent exhumés en 1929 pour une première tentative de béatification; le 26 juin 1953, ils sont placés dans une chapelle de l'église de Siviriez.

« Les habitants lui prêtant de nombreux miracles, dès 1927 fut ouvert un très long procès en béatification. Elle fut finalement béatifiée le 29 octobre 1995 par le pape Jean-Paul II. »

Source : http://www.marguerite-bays.ch/biographie.html.

Voici le petit reportage que lui consacra l'abbé J.-M. Curicque en 1872.

 
Marguerite Bays (1815-1879)
I. — Nous voici dans la patrie de Guillaume-Tell et du Bienheureux [Saint, depuis 1947] Nicolas de Flüe, profitant de quelques jours de vacances pour voler, sur les ailes de la vapeur, de l'Alsace à la Vendée en passant par la Suisse; dans le dessein de visiter dans leur solitude quelques âmes privilégiées, aussi peu connues du monde que largement prévenues des faveurs du Père céleste. 

Le soir du 16 octobre 1872, jour où la Suisse catholique fêtait saint Gal, l'un de ses premiers apôtres, nous descendions, entre Éribourg et Lausanne, à la station de Siviriez, en quête du hameau de La Pierre [aujourd'hui : La Pierraz], l'une des nombreuses annexes de cette paroisse. 

Nous voulions voir de nos yeux et entendre de nos oreilles l'humble stigmatisée Marguerite Bays, dont la vie et les souffrances nous avaient déjà grandement édifié, d'après les lettres de quelques uns de nos correspondants.

Le digne curé de Siviriez eut l'obligeance de nous accompagner dans notre visite, comme il nous ménagea, le lendemain, la douce joie de donner la sainte communion à la stigmatisée. C'est donc autant d'après nos propres souvenirs et nos impressions personnelles que d'après les notes bien authentiques, mises a notre disposition par plusieurs personnes honorées de la confiance de Marguerite Bays, que nous allons tracer ce chapitre, complètement inédit jusqu'à ce jour.

II — Le hameau de La Pierre, vulgairement appelé La Pierra dans le pays, est situé à une demi-lieue de Siviriez, dans le riant vallon de la Glane, l'un des affluents de la Sarine, en amont de Fribourg. 

Les chaumières en sont dispersées, comme dans presque toutes les campagnes environnantes, entre jardins, sillons et prairies ; elles sont construites en bois et, avec leur simple rez-de-chaussée, couronné d'un large avant-toit, elles font au loin l'effet de vastes ruches, abritées sous de splendides bouquets de verdure. 

Tel est en particulier l'aspect de la maison rustique où continue de demeurer, depuis la mort de ses parents, avec ses frères, une belle-sœur et ses nièces, Marguerite Bays, ou Gothon Bays, comme on dit dans la paroisse.

L'humble fille est aujourd'hui âgée d'environ cinquante-cinq ans. Couturière autrefois, elle partage maintenant les soins du ménage de ses frères et les assiste, selon ses forces, dans l'exploitation de la ferme qui les fait vivre à la sueur de leur front. 

La part de Marthe n'absorbe pas cependant celle de Marie chez la stigmatisée qui est considérée, dans ce paisible et laborieux intérieur, plutôt comme une mère que comme une sœur. 

Aussi, fidèle à accomplir scrupuleusement la règle du Tiers-Ordre de Saint-François auquel elle appartient depuis longtemps, Marguerite se rend chaque jour de bonne heure à la paroisse pour y faire le chemin de la Croix et assister à la sainte Messe où elle communie plusieurs fois la semaine. 

Sa modestie est sans affectation, sa piété angélique,sa charité pour le prochain inépuisable. Elle est regardée comme une sainte dans toute la paroisse, sans toutefois que personne paraisse y faire attention, tant est grande sa simplicité, tant elle fuit d'instinct le bruit et les occasions de paraître. 

Jusqu'ici la publicité ne s'est point occupée d'elle ; puissent même ces lignes porter au loin la bonne odeur de ses vertus, sans lui amener jamais aucun visiteur importun ni aucun admirateur indiscret !

La dévotion de Marguerite la porte de préférence vers le culte de la Passion de Notre-Seigneur et de l'Immaculée-Conception de la Sainte-Vierge. 

Cet amour pour Jésus-Christ en Croix lui vient de son père toujours fort affectionné aux souffrances du divin Sauveur. Quant à sa vénération pour l'Immaculée-Conception, elle résulte peut-être de la grande faveur qui lui fut faite par la Sainte-Vierge, le 8 décembre 1854, le jour même où Pie IX proclamait le dogme de l'Immaculée-Conception de la Mère de Dieu. 

C'est aussi le moment solennel de la vie de Marguerite Bays ; nous devons entrer dans quelque détail à ce sujet.

III. —Rien de particulier n'avait jusque-là signalé la pieuse fille à l'attention des fidèles. Tourmentée avant cette époque par un hoquet douloureux que les remèdes n'avaient fait qu'irriter, elle n'en fut délivrée que pour subir une épreuve tout autrement crucifiante : un cancer se déclara à la poitrine et nécessita bientôt une opération dans le vif, qui lui mit presque les côtes à nu. Le cancer n'en reparut pas moins et la patiente se vit sur les bords de la tombe. Recourant alors à Marie-Immaculée, elle implora son assistance toute-puissante par une neuvaine qui, par une coïncidence providentielle, se terminait le 8 décembre 1854.

En ce jour, solennel entre tous, de la Fête de l'Immaculée-Conception, la très-sainte Vierge daigna apparaître à sa dévote servante et la guérit aussitôt.

C'est grâce à ma protection, lui dit Marie, que vous êtes guérie. Mais vous êtes appelée à d'autres souffrances. La perversité du monde est si grande que je ne puis retenir le bras de mon Fils, outragé surtout par le blasphème, la profanation des saints jours, l'impureté, l'abandon ou la négligence de la prière et l'oubli de Dieu. Pour tant de crimes et pour m'aider à retenir le bras de mon Fils, vous souffrirez un tourment tout particulier.

En disant ces mots, la Mère de Dieu remit à Marguerite une croix que celle-ci s'empressa de porter sur son cœur, pendant que des lèvres de la miraculée s'échappait, comme par inspiration, la prière suivante, à jamais gravée dans sa mémoire depuis lors :

O Sainte Victime, attirez-moi après vous ; nous marcherons ensemble. Que je souffre avec vous, cela est juste ; n'écoutez pas mes répugnances. Que j'accomplisse en ma chair ce qui manque à vos souffrances ! J'embrasse la croix, je veux mourir avec vous. C'est dans la plaie de votre Sacré Cœur que je désire rendre mon dernier soupir.

IV. — À partir de ce moment Marguerite Bays, toujours désireuse jusque-là de pouvoir acquitter sa dette de reconnaissance envers la Passion de Notre-Seigneur, se trouva surabondamment exaucée : elle se sentit frappée d'un mal mystérieux qui la ramenait sur son lit de douleur, chaque vendredi, pour augmenter d'intensité pendant le carême et se résoudre, le vendredi-saint, en d'atroces tortures : à ce jour sacré, on la voit, chaque année, réduite à l'agonie, de midi à trois heures du soir [=15 h] ; puis elle entre dans un état d'anéantissement et d'inanition voisin de la mort, et au bout seulement d'une heure et demie environ, la vie renaît par degrés. Revenue entièrement à elle-même, la stigmatisée se trouve transfigurée ; toute trace de douleur a disparu et sa physionomie est d'un rayonnement indescriptible.

La meilleure preuve de la cause surnaturelle de ses souffrances, c'est sa santé florissante en dehors des vendredis, et du carême. Pendant de longues années, Marguerite avait même dû prendre des remèdes contre cette maladie mystérieuse du vendredi, mais au lieu de lui apporter quelque soulagement, ils avaient produit l'effet contraire.

Les stigmates ne sont toutefois apparents chez elle que pendant la sainte Quarantaine [= Carême] où ils deviennent de plus en plus visibles et sanglants à mesure que le vendredi-saint approche ; ils disparaissent ensuite extérieurement, à partir de ce jour.

En 1870 Marguerite, par une exception qu'on ne pourrait s'expliquer, n'eut pas les stigmates. Interrogée à ce sujet et forcée, au nom de l'obéissance, d'en découvrir la raison, elle avoua en rougissant qu'elle avait redoublé de prières auprès de Notre-Seigneur pour ne point en recevoir ces marques, afin, disait-elle, de ne scandaliser personne. Mais elle n'a été exaucée que pour une fois.

Aujourd'hui-même, vendredi-saint, 27 mars 1872, nous écrit un de nos correspondants, devant plusieurs prêtres et religieux, accompagnés d'un docteur en médecine, la stigmatisée de La Pierre a subi, dans des circonstances admirables, et l'agonie de la passion et les douleurs de l'extase. Celle-ci commença vers trois heures. 

Pendant que le docteur constatait le sommeil extatique et que la science se livrait a ses investigations, le visage de la stigmatisée portait l'empreinte d'une douleur indicible. 

J'appris ensuite, à son réveil, par l'intermédiaire de son Directeur [spirituel], qu'elle avait assisté au supplice de la Flagellation où elle venait de voir les bourreaux se rechanger à trois reprises, épuisant toutes les fureurs de l'enfer vaincu sur le corps adorable du Sauveur.

V. — Le don des stigmates n'est pas la seule faveur dont Notre-Seigneur a daigné enrichir l'humble campagnarde. Il la guide habituellement par une voix surnaturelle qui lui parle, sans que personne ne paraisse, et qui lui intime les volontés du ciel, en la remettant d'ailleurs toujours aux décisions de son Directeur. La voix lui a défendu d'opposer des « mais » et des « si » aux ordres de celui-ci.

Le lundi-saint de cette année 1872, qui était le 25 mars, la stigmatisée, retenue chez elle par ses souffrances habituelles du carême, vit tout à coup apparaître sous ses yeux l'inscription suivante, tracée sur deux bandes :

« PRIÈRE ! PÉNITENCE ! »

C'était, en deux mots, la formule de l'unique remède à la situation désespérée du monde chrétien.

VI. — Une autre fois, comme elle était gravement malade, en un jour de fête, et que ses souffrances mystérieuses l'avaient mise dans l'impossibilité de se rendre à l'église pour recevoir la communion, elle vit tout à coup une sainte hostie lui apparaître dans son étroite cellule, et se tenir à la hauteur de sa bouche comme pour l'inviter à communier.

Marguerite, trop humble pour se croire digne d'une telle faveur, craignit un piège du démon et n'ouvrit point la bouche pour recevoir l'hostie prodigieuse. Celle-ci s'approcha alors de ses lèvres et se ploya contre elles, en signe de la vérité de la présence réelle du corps de Notre-Seigneur.

Convaincue par cette violence suave et par une attraction intérieure que le divin Maître la conviait au banquet eucharistique, elle l'adora et le reçut en son cœur, au milieu des transports de la plus vive gratitude.

VII. — On ne sera pas étonné d'apprendre que Marguerite Bays est en relation avec les âmes du Purgatoire. Son père est venu lui-même réclamer l'assistance de ses suffrages. Comme elle lui demandait quelle était la cause de ses tourments, il lui répondit qu'il était retenu dans les flammes expiatrices principalement pour s'être trop occupé de la pêche, le dimanche, bien qu'il n'eût pas pour cela négligé l'assistance aux offices.

Une autre fois, la stigmatisée fut chargée d'avertir une religieuse bernardine, de sa connaissance, de bien prier pour la délivrance de son propre père, en purgatoire depuis plusieurs années. La religieuse venait de doter son couvent d'un chemin de la croix, sur l'observation que lui avait faite Marguerite du grand bien spirituel attaché à cette dévotion : elle fut ainsi la première récompensée de cette libéralité et de cet acte de soumission aux conseils de l'humble stigmatisée.

Nous nous bornons aujourd'hui à ces quelques lignes, sans toutefois cacher à nos lecteurs le bonheur que nous avons éprouvé de voir nos Voix Prophétiques parmi les livres de prédilection de Marguerite : elle a compris cet appel à la pénitence et à la Réparation volontaire ; sa prière en est devenue encore plus fervente, son immolation plus complète. Un tel suffrage nous console surabondamment de n'être point compris ni goûté de chacun.

Référence

Abbé J.-M. Curicque, Voix prophétiques ou signes, apparitions et prédictions modernes touchant les grands événements de la Chrétienté au XIXe siècle et vers l'approche de la Fin des temps, tome I : prophéties modernes purement dites, Victor Palmé, Paris ; A. Vromant, Bruxelles, P. Brück, Luxembourg, 1872, p. 434-441.

Où est l'honneur qui m'appartient ? dit Dieu, selon le prophète Malachie


Un fils honore son père, et un serviteur son maître. 

Or, si je suis Père, moi, où est l'honneur qui m'appartient ? 

Et si je suis Seigneur, où est la crainte (1) qui m'est due ? dit Yahweh des armées, à vous, prêtres, qui méprisez mon nom. 

Vous dites : « En quoi avons-nous méprisé ton nom ? »

(...)

Et maintenant, suppliez donc Dieu d'avoir pitié de vous ! 

C'est par votre main que cela s'est fait ; sera-t-il amené par vous à avoir des égards ? dit Yahweh des armées (2). 

Notes

(1) La crainte désigne, chez le fidèle, la reconnaissance de la grandeur et de l'excellence de Dieu, en tant que Créateur et Seigneur souverain de toutes choses ; reconnaissance qui engendre une sentiment et une attitude de profonds respect et révérence devant Dieu. Cette crainte fait redouter le péché perçu comme une injure faite à Dieu et un mépris de sa bonté et de son amour.

(2) « Des armées » désigne les multitudes célestes organisées  et l'ensemble des autorités, pouvoirs et souverainetés, au ciel ou sur la terre.

Référence

Livre du prophète Malachie, chapitre 1, versets 6 et 9, in Chanoine Auguste Crampon, La Sainte Bible, d'après les textes originaux, 1923.

Les notes sont le fait de l'auteur de ce blog.