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vendredi 13 juin 2014

L'évolution du rabat chez les évêques du diocèse de Vannes, 1931

Ph. du Bec (1559-1566)
Le costume, le costume ecclésiastique même, évolue, suit la mode. C'est ainsi que nos évêques contemporains s'habillent en un violet qui tire sur le rouge, tandis que leurs devanciers étaient vêtus presque de bleu. Ils portaient la calotte noire, et la ceinture pare
S. de Rosmadec (1622-1646)
ille à la soutane, alors qu'aujourd'hui ces attributs sont invariablement violets. Sous l'Ancien Régime, la croix pectorale pendait à un ruban bleu, comme la décoration du Saint-Esprit ; depuis la Révolution, elle est soutenue par une chaîne d'or ou un cordon vert ; mais sous la Restauration, on revint, pour un temps, au ruban, rouge cette fois comme celui de la Légion d'Honneur.


La plus curieuse évolution est celle du rabat.

F. d'Argouges (1687-1716)
Les premiers portraits nous montrent un col de lingerie double, replié sur le vêtement. Ce col, ou rabat, au sens étymologique, commence à prendre de plus amples proportions chez Sébastien de Rosmadec.

Avec François d'Argouges, ses pointes se développent démesurément, se rejoignent sur la poitrine ; l'ourlet qui le borde seul reste blanc, tandis que l'étamine qui en fait le fond est passée au bleu, et puis au noir.
A. Fagon (1719-1742)

Le rabat d'Antoine Fagon s'étale de plus en plus ; celui de Charles de Bertin se rétrécit, au contraire, tout en faisant toujours le tour du col, comme encore celui de M. de Pancemont, chez qui la partie rabattue se réduit à deux pattes noires et blanches.

Ch. de Bertin (1746-1774)
Une certaine hésitation se manifeste ensuite : Mgr de Bausset adopte le rabat rigide et cassé, que reprendra Mgr Garnier, alors qu'entre temps Mgr de Bruc aura porté le rabat d'étamine dit sulpicien.


A. Mayneaud de Pancemont (1802-1807)
Avec Mgr de la Motte, c'est la forme actuelle qui triomphe définitivement ; et Mgr Dubreuil y changera seulement les galons en rangs de perles.

Mgr Gouraud, lui, sacré à Rome, se prononce pour le col romain, qui n'est autre chose, soit dit en passant, que le col primitif, rabattu, mais à l'intérieur du vêtement.

C. J. de La Motte (1827-1860)
Dès lors, cette petite marque distinctive que Mazarin, dit-on,
imposa au clergé français, le rabat ; le rabat qui eut sa place dans toutes les Cours d'Europe, qui monta dans toutes les chaires ou les tribunes, celles des somptueuses cathédrales et des églises de villages, de la Sorbonne et du Collège de France, comme celles des assemblées nationales, constituantes ou parlementaires ; qui s'arrêta aux
A. Gouraud 
fauteuils des Académies et des Conseils de ministres ; qui parcourut les champs de batailles et tomba sur les barricades ; le rabat que Rome a placé sur les autels, avec Jean-Baptiste de la Salle, Louis Grignion de Montfort, Jean Marie Vianney et les martyrs de la Révolution; rabat bleu de Saint-Gabriel, rabat blanc des Écoles Chrétiennes, rabat noir du clergé séculier, simple et modeste témoin d'un glorieux passé ; — tout comme les perruques frisées, les chapeaux tricornes, les petits collets, les soutanes à queues et les souliers à boucles, — le rabat, après trois siècles de vie, — Messieurs, saluons au passage, - tend à disparaître. 


Référence

Joseph Blarez (prêtre), « Portraits des évêques de Vannes », in Bulletin de la Société polymathique du Morbihan, année 1931, Imprimerie et librairie Galles, Vannes, 1931, pp. 133-135.

Les quatre premiers portraits sont extraits de l'article lui-même et sont issus de la Bibliothèque Nationale.

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