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lundi 29 août 2011

Les sentiments de bien -être du corps et du psychisme, selon N.-V. de Latena, 1844.



§ I. — États et sentiments intimes.

Tranquillité, état naturel d'une âme où tous les sentiments se trouvent en parfait équilibre, soit par l'effet d'une heureuse organisation, soit par le pouvoir de la volonté.

Calme, cessation du mouvement, repos qui a pu être précédé et qui pourra être suivi d'un orage.

L'âme est calme, quand elle n'est émue ni par le plaisir, ni par la peine. On ne peut apprécier les douceurs du calme, si l'on n'a été agité par quelque passion douloureuse.

Quiétude, tranquillité produite par une confiance bien ou mal fondée, par l'ignorance du danger, ou par l'imprévoyance d'un esprit borné.

Sécurité, conviction raisonnée de l'absence du danger.

Satisfaction, impression que fait éprouver la possession de l'objet d'un désir, ou l'accomplissement d'un projet, et même d'un devoir. La satisfaction est le but de nos penchants, de nos goûts et de nos besoins. Ce but en détermine la moralité. Le bien satisfait les âmes vertueuses; le mal, les âmes perverses. Les passions cherchent, dans la satisfaction, le bonheur, ou du moins le plaisir : le plus souvent, elles n'y trouvent que souffrances et regrets.

Contentement, jouissance calme, absence de désirs qui pourraient la troubler.

La satisfaction est surtout une perception des sens ; le contentement, surtout une perception de l'âme. L'une est variable, comme la cause qui la fait naître; l'autre repose sur des bases moins mobiles, sur la modération et sur le raisonnement.

Bien-être, état doux et tranquille qui résulte de la bonne santé, des paisibles satisfactions des sens et du contentement de l'âme. C'est le bonheur du sage ; ce devrait être celui de l'égoïste.

Plaisir, impression agréable que produisent, en nous, les rapports de nos sens, et de notre âme avec les objets de nos goûts.

Le plaisir est si ennemi de la contrainte, qu'on le rencontre rarement où il est attendu. Il ne se trouve pur et durable que là où on le cherche le moins, dans l'accomplissement des devoirs.

L'homme est né pour lutter; car il n'attache aucun prix aux plaisirs obtenus sans efforts.

Bonheur, état que nous procure la complète satisfaction de nos besoins, de nos penchants, de nos désirs. C'est la plénitude de la vie fonctionnant sans obstacles ; c'est une harmonie constante entre notre âme, nos sens et les objets qui les attirent.

Le bonheur ne pouvant exister qu'avec probabilité de durée, et contentement de l'âme, où le chercher, si ce n'est dans la vertu ?

L'homme le plus heureux n'est pas celui qui peut se procurer le plus de jouissances : c'est celui qui est le plus satisfait de son sort.

Il entre, dans le bonheur, deux éléments essentiels que l'or ne peut donner : la santé du corps et le contentement de l'âme. On les obtiendrait peut-être par la tempérance et la vertu ; mais peu de gens veulent les acheter à ce prix.

Nul ne comprend bien le bonheur dont il jouit qu'à la vue du danger de le perdre, ou de l'envie qu'il excite.

Nous osons assurer qu'un tel événement nous rendrait heureux ! Regardons en arrière, et voyons si la plupart de nos malheurs n'ont pas eu, pour cause directe ou indirecte, nécessaire ou fortuite, l'accomplissement de nos plus chers désirs!

Le bonheur est rare, parce que peu de gens savent le trouver où il est, dans le devoir, les affections, la bienfaisance, l'étude. Beaucoup de malheureux ne sont que des ingrats envers la Providence.

10° Félicité, bonheur suprême. Comme nous n'en jouissons jamais qu'en espérance, elle se réduit, pour nous, à une idée abstraite et poétique. Chacun se représente la félicité sous l'image qu'il préfère. C'est le rêve de l'amour ; c'est celui de la gloire ; c'est le tableau idéal des délices d'une autre vie.


§ II. — Manifestations.

Joie, sentiment de plaisir que l'âme éprouve, à l'occasion d'un événement heureux, et qui peut aller jusqu'à l'ivresse, jusqu'aux transports insensés, jusqu'à la folie.

La joie est expansive, dans les caractères francs, ouverts et mobiles ; timide, dans les caractères faibles et indécis, et à peine apparente, dans les caractères habitués à la réserve ou à la dissimulation, à l'exercice de la force ou à la résignation de la souffrance.

Gaieté, état d'une âme éloignée des sentiments et des idées tristes par la bonne disposition des organes, par la satisfaction des désirs, par l'effet sympathique de la joie d'autrui, et souvent aussi par la légèreté de l'esprit.

Les personnes gaies n'aperçoivent que le côté plaisant des choses, et trouvent souvent un motif de rire où d'autres en trouvent un de s'attrister. Si elles sont forcées de reconnaître des douleurs qu'elles ne peuvent soulager, elles en détournent leur regard, avec un empressement où l'on est tenté de voir autre chose que de la raison.

Hilarité, expansion de la gaieté provoquée par des causes subites et imprévues, telles que la vue de certains ridicules, les raisonnements niais ou absurdes d'un esprit prétentieux, les saillies d'un esprit original.

Il est rare que l'hilarité ne soit pas mêlée d'un peu de raillerie.

Ravissement, exaltation d'une âme que le plaisir enivre, transport causé par les pures jouissances du cœur ou de l'esprit, plutôt que par celles des sens.

Extase, ravissement parvenu à son plus haut degré, interruption apparente de l'activité des sens et concentration de toutes les facultés dans un seul sentiment de joie ou d'admiration.


Référence. 

Nicolas-Valentin de Latena, Étude de l'homme, Garnier Frères, Paris, 1854, p. 269-274. 

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