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mercredi 31 août 2011

La confiance selon Cicéron, 44 avant J.C.


[Les versions françaises des textes présentés ci-dessous sont le fait de l'auteur de ce blog. Veuillez donc excuser leurs imperfections et leurs faiblesses.]

« Or, la confiance, pour qu’elle soit donnée, peut être suscitée par deux choses, à savoir que nous serons appréciés pour l’acquisition de la prudence unie à la justice

Et, en effet, nous avons confiance en ceux dont nous jugeons qu’ils sont plus intelligents que nous et dont nous croyons qu’ils discernent les choses à venir et que, lorsque l’action est en marche et que le moment de la décision est venu, ils peuvent arranger la chose et prendre conseil du temps ; en effet, les hommes considèrent cette prudence profitable et conforme à la vérité morale.

D’autre part, la confiance est donnée aux hommes justes et sûrs, c’est-à-dire aux hommes bons, qui sont tels qu’il n’y ait en eux aucun soupçon de tromperie et d’injustice. C’est pourquoi, à eux, jugeons-nous [bon] que leur soient abandonnés en toute sécurité notre salut, à eux, nos biens, à eux nos enfants.

De ces deux choses, la justice est la plus puissante à susciter la confiance, de fait, à elle seule, sans la prudence, elle a un poids suffisant ; la prudence sans la justice ne vaut rien pour susciter la confiance. 

En effet, sans une réputation de probité, plus quelqu’un sait se retourner et est expérimenté, plus il est détesté et suspecté. [C’est] grâce à cela que la justice unie à l’intelligence aura, autant qu’elle voudra, [ce qu’il faut], pour susciter la confiance des troupes, la justice sans la prudence pourra beaucoup, [mais ] sans la justice, la prudence ne vaudra rien. »


Texte latin original.

Fides autem ut habeatur duabus rebus effici potest, si existimabimur adepti coniunctam cum iustitia prudentiam. 

Nam et iis fidem habemus, quos plus intellegere quam nos arbitramur quosque et futura prospicere credimus et cum res agatur in discrimenque uentum sit, expedire rem et consilium ex tempore capere posse; hanc enim utilem homines existimant ueramque prudentiam. 

Iustis autem et fidis hominibus, id est bonis uiris, ita fides habetur, ut nulla sit in iis fraudis iniuriaeque suspicio. Itaque his salutem nostram, his fortunas, his liberos rectissime committi arbitramur.

Harum igitur duarum ad fidem faciendam iustitia plus pollet, quippe cum ea sine prudentia satis habeat auctoritatis ; prudentia sine iustitia nihil ualet ad faciendam fidem. 

Quo enim quis uersutior et callidior, hoc inuisior et suspectior detracta opinione probitatis. Quam ob rem intellegentiae iustitia coniuncta quantum uolet habebit ad faciendam fidem uirium, iustitia sine prudentia multum poterit, sine iustitia nihil ualebit prudentia.


Référence. 

Cicéron, Des devoirs, livre II, chapitre 9, §. 33 et 34.



Pour mieux illustrer cette définition de la confiance, voici, ce que sont la prudence et la justice selon Cicéron :


1) (…) prudentiam enim, quam Graeci phronèsis dicunt, (...), quae est rerum expetendarum fugiendarumque scientia (…).

(…) en effet, la prudence, que les Grecs disent phronèsis, qui est la science des choses à rechercher et de celles à fuir (…).

Cicéron, Des devoirs, livre I, chapitre 43, §. 153.


2) (…) in qua sapientiam et prudentiam ponimus, idest indagatio atque inuentio ueri, eiusque uirtutis hoc munus est proprium.

(…) dans laquelle nous avons posé la sagesse et la prudence, c’est-à-dire la recherche et la découverte de la vérité morale, et cette fonction est le propre de cette vertu.

Cicéron, Des devoirs, livre I, chapitre 5, §. 15


3) (20) (…) iustitia, in qua uirtutis splendor est maximus, ex qua uiri boni nominantur (…). Sed iustitiae primum munus est, ut ne cui quis noceat, nisi lacessitus iniuria, deinde ut communibus pro communibus utatur, priuatis ut suis. (…) 23 Fundamentum autem est iustitiae fides, id est dictorum conuentorumque constantia et ueritas. Ex quo, quamquam hoc uidebitur fortasse cuipiam durius, tamen audeamus imitari Stoicos, qui studiose exquirunt, unde uerba sint ducta, credamusque, quia fiat, quod dictum est appellatam fidem.

(…) la justice, dans laquelle l’éclat de la vertu est à son maximum, d’où vient que les hommes sont appelés bons (…). Mais la première fonction de la justice est de ne nuire à quiconque, sauf si l’on y est provoqué par l’injustice, ensuite d’user des biens communs comme de biens communs, des biens propres comme des siens propres. (…) Or, le fondement de la justice est la [bonne] foi, c’est-à-dire la sincérité et la continuité de ce qui a été dit et convenu. De là, bien que cela puisse sembler peut-être de quelque manière moins élégant, nous osons cependant imiter les Stoïciens, qui recherchent avec intérêt d’où viennent les mots, et nous croyons que foi vient de fiat, qu’il advienne ce qui a été dit.

Cicéron, Des devoirs, livre I, chapitre 5, §. 20-23.


4) (…) prudentia est enim locata in dilectu bonorum et malorum (…).

(…) la prudence est en effet située dans le discernement des biens et des maux.

Cicéron, Des devoirs, livre III, chapitre 17, §. 71.


5) Honesta res diuiditur in rectum et laudabile. Rectum est, quod cum uirtute et officio fit. Id diuiditur in prudentiam, iustitiam, fortitudinem, modestiam. Prudentia est calliditas, quae ratione quadam potest dilectum habere bonorum et malorum. Dicitur item prudentia scientia cuiusdam artificii: item appellatur prudentia rerum multarum memoria et usus conplurium negotiorum. Iustitia est aequitas ius uni cuique re tribuens pro dignitate cuiusque. Fortitudo est rerum magnarum adpetitio et rerum humilium contemptio et laboris cum utilitatis ratione perpessio. Modestia est in animo continens moderatio cupiditatem.

L’honnêteté est divisée entre le ce qui est droit et ce qui est louable. Ce qui est droit est ce qui est fait avec vertu et devoir. On le divise en prudence, justice, courage, mesure. La prudence est l’expérience qui, par quelque système théorique, peut posséder le discernement des biens et des maux. Pareillement, on dit de la prudence qu’elle est la connaissance de quelque art. Pareillement, on appelle prudence la mémoire de nombreuses choses et la pratique de plusieurs occupations. La justice est l’équité, le droit qui concède de fait à un chacun en proportion de son mérite. Le courage est le désir des grandes choses et le mépris des choses peu élevées et le fait d’endurer la peine en raison de l’utilité. La mesure est la modération qui refrène dans l’âme le désir [brut].

Pseudo-Cicéron, Rhétorique à Herennius, livre III, chapitre 2.

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